Var-Matin (Grand Toulon)

« L’accent ? Un handicap et un atout »

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Et Mado la Niçoise, que pense-t-elle de tout cela, elle qui met volontaire­ment l’accent… sur l’accent, pour asseoir son personnage ? « Quand on arrive à Paris et qu’on défend un personnage comme le mien, on est hors des schémas. En même temps, on ne peut pas nous confondre avec quelqu’un d’autre. Il y a donc un aspect négatif, parce qu’on n’a pas le formatage dans la manière de parler. Mais d’un autre côté, on est vite repérable parce qu’on a quelque chose qui devient une identité. C’est ce qui est intéressan­t dans le fait d’avoir un accent. »

Pour votre carrière d’humoriste, l’accent « nissart » a donc plutôt été un atout ? « Oui. Parce qu’on ne me compare à personne d’autre. Mais pour faire du cinéma ou du théâtre, ce n’en est pas un. Là, on se doit d’avoir des codes. Cela a assurément fermé des portes pour moi, mais je ne le regrette pas du tout. J’assume tout à fait mes choix et mon régionalis­me, et j’ai d’ailleurs été heureuse d’entendre le discours de Jean Castex sur le terroir. En revanche, je déplore deux choses : la décision d’une radio régionale d’avoir fait appel à des humoristes parisiens pour animer une chronique et le fait que la politique, à Nice, ne favorise pas la culture. »

Que voulez-vous dire ?

« Je ne me sens pas soutenue par ma ville. On crée de l’événementi­el, mais on fait appel à des Parisiens. Je le déplore, et je résiste quand même : je suis sur le terrain, et j’ai décidé de redevenir locale en recréant le lien avec le public niçois. Même si je ne suis pas niçoise d’origine [elle est née en Algérie,

Ndlr], j’ai à coeur de défendre la ville qui m’a accueillie, parce qu’on en a assez de ce formatage, même dans l’expression artistique. Il est désolant de ne pas valoriser les différence­s, de ne pas les accueillir et les honorer. »

Noëlle Perna a programmé trois dates au théâtre Francis-Gag, 4 rue de la Croix, en décembre 2020, février et avril 2021.

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