Var-Matin (Grand Toulon)

« La parole des enfants n’est corroborée par rien ! »

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Depuis sa cellule, Serge n’a jamais cessé de clamer son innocence. Son conseil, Me Rebaudengo, que nous avons contacté, se refuse à tout commentair­e sur ce dossier. Ses demandes de mise en liberté ont jusqu’à présent été refusées. En mars dernier, Serge avait d’ailleurs engagé une grève de la faim pendant sept jours. S’il n’est pas à l’isolement, seul André, son ancien patron, a obtenu un droit de visite au parloir de la prison de Grasse. Ce dernier est d’ailleurs aujourd’hui son meilleur avocat : « Je vais le voir une fois par semaine

« J’ai l’intime et absolue conviction qu’il est innocent »

Ce Cannois d’une quarantain­e d’années a, il est vrai,

mis toute sa confiance en Serge. Depuis qu’il l’a recruté en 2005, il lui a permis de gravir tous les échelons dans sa société, lui confiant le management de la relation entreprise.

« Depuis huit mois, on lui a interdit les visites des membres de sa famille. Ok, mais plusieurs demandes de parloir ont également été déposées par des collègues de travail, et toutes ont été rejetées... Pourquoi ? », s’interroge-t-il. Le secret qui a été la règle autour de cette enquête de la gendarmeri­e de Mandelieu, il a pensé parfois à le briser. « Je me disais qu’il était peut-être utile qu’on parle de cette affaire, pour faciliter la recherche de la vérité. »

André ne mâche pas ses mots : « J’ai côtoyé Serge pendant plus de dix ans, je suis pourtant père moimême de deux enfants, les actes dont on parle sont odieux, mais j’ai l’intime et absolue conviction qu’il est tout simplement innocent.

Peut-on laisser un homme neuf mois en prison, sur la base de témoignage­s de si jeunes enfants ? La parole des enfants est toujours à prendre en compte, mais si elle n’est pas corroborée par des éléments de preuve ou des constatati­ons précises, est-elle suffisante pour faire subir cela à un père ? Or, il n’y a rien dans ce dossier.

Les « lenteurs de l’instructio­n » causées en partie par la crise du Covid-19 inquiètent le patron et ami du mis en examen : « Les enfants ont porté des accusation­s contre plusieurs personnes de la famille. Aujourd’hui, la commission rogatoire qui a été lancée en Italie a été réalisée, des perquisiti­ons ont été effectuées dans les maisons familiales du Piémont. S’il n’en est rien sorti, n’est-il pas temps à tout le moins de permettre à Serge d’obtenir un contrôle judiciaire, même très strict. Cet homme est innocent, il est à bout et je suis très inquiet pour lui compte tenu de ce qu’il vit en détention.

 ?? (Photo Jean.-François Ottonello) ?? Serge, le père de famille, est incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse. Seul André, son ancien patron, a obtenu un droit de visite au parloir.
(Photo Jean.-François Ottonello) Serge, le père de famille, est incarcéré à la maison d’arrêt de Grasse. Seul André, son ancien patron, a obtenu un droit de visite au parloir.

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