Var-Matin (Grand Toulon)

Avec la musique, j’ai pu m’ouvrir au monde”

- PROPOS RECUEILLIS PAR ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

C’est un animateur TV qui détonne en parlant musique, tous les matins (du monde) depuis 2001 sur France 2. Un joyeux « entubeur », au sens où il fait partager ses tubes « coup de choeur ». Un compositeu­r à la culture pub, qui joue aussi sa propre partition avec Le Son d’Alex. Sur scène, entre émotion, rire et chansons. Un show réjouissan­t où Alex Jaffray nous rappelle l’importance de « Jean-Seb » dans les Bach. Où l’on apprend qu’un même morceau, change d’humeur selon le jeu, mineur ou majeur. Où l’on démystifie le King Elvis et dézingue Maître Gims. Bref, mille et une anecdotes, illustrées par une drôle de boîte à zic, qui nous rendent le bonhomme éminemment sympathiqu­e ! « Full son-timental » dirait Souchon. Ah, si tous les profs de musique avaient été comme lui en cours, on n’y aurait pas joué que du pipeau ! On retrouve Alex avec la même énergie, salle des instrument­s, dans la chapelle du Musée de la Castre, à Cannes. Même si lui n’en connaît aucune (chapelle), lorsqu’il s’agit de parler son et images.

Avec ce spectacle, on te retrouve tel que sur France  dans Télématin mais en moins court ? Exactement. Avec mes chroniques de trois à six minutes, j’ai toujours l’impression de ne pas être allé au bout du truc. Et puis là, tu as un retour immédiat du public, et j’en avais marre de n’avoir que les trois technicien­s du plateau qui rigolent !

Tu évoques la musique de manière ludique à travers sa technique, ses tubes, ses vedettes, mais c’est aussi Il était une fois Alex Jaffray... Je suis toujours gêné d’en parler, car malgré ma grande gueule, je suis assez timide et secret. Mais à l’écriture du spectacle, cet aspectlà est venu naturellem­ent. Par exemple, je ne peux pas évoquer ma rencontre avec Ennio Morricone sans parler de cet album best-of que j’écoutais chez mes grands-parents, alors qu’il n’y avait que trois disques.

Tu dis d’ailleurs que la musique t’a littéralem­ent sauvé... Oui, enfant, j’étais vraiment rondouilla­rd, réservé, dyslexique et je bégayais parfois comme un sagouin. Mais quand tu joues de la musique, tu es concentré, et tout disparaît. J’ai pris des cours de piano tout petit, mais j’ai surtout appris en autodidact­e. Adolescent, j’ai monté un groupe pour choper des meufs, mais à ce niveau-là, ça n’a pas

Le groupe s’appelait Zul, du nom d’un ectoplasme dans le film SOS Fantômes. Vous chassiez aussi les vôtres ? Ah... On était ados au lycée, et ce fantôme gluant qui sort du frigo de Sigourney Weaver nous a fait tellement rire ! Mes propres fantômes ? Oui, bien vu, j’ai passé beaucoup de temps à expier tout ça... J’ai connu une enfance heureuse même si j’ai été élevé par mes grands-parents, mais c’est vrai que j’étais dans mon coin, introverti. Au collège, je n’avais qu’un seul copain ! Avec la musique, j’ai pu sortir de ma vie, et m’ouvrir au monde.

Pour un compositeu­r de B.O., la musique et le cinéma, c’est comme les bras et les jambes ? Je ne me vois pas écrire de la musique autrement que pour l’image, j’adore être au service d’un film ou d’une série. Avec Gilles Facerias, mon frère d’oreille depuis quinze ans, on vient d’ailleurs de composer la musique de la mini-série de TF sur Grégory Lemarchal.

Après vingt ans de Télématin , on reste quand même lève-tard [notre rendez-vous s’est déroulé à midi, ndlr] ? Ah, je ne sais pas pourquoi j’ai choisi cette émission ! Comme tout musicien, tu te couches tard, à jouer et boire des Spritz avec des copains, et quand t’arrives à la télé le lendemain, t’est bien fatigué. [Une employée de la Castre le reconnaît soudain, comme le « Monsieur de France  », ndlr]. La notoriété, ce n’était pas ma motivation première pour faire de la télé, c’était la transmissi­on. Je dois tout ça à William Leymergie, qui est aussi un fan de musique de film et m’a donné carte blanche pour ma chronique. On avait dressé une liste de compositeu­rs qui nous faisaient kiffer, et grâce à lui, j’ai pu tous les rencontrer !

Sur France , tu fais aussi la pluie et le beau temps ! Ah, tu parles du générique de la météo ! J’ai monté une agence sonore, Start Rec – jeu de mot avec Star Trek – qui réalise des identités sonores pour TF, France , BFM, Leclerc... C’est ludique, mais c’est du travail, parce qu’en quelques notes, il faut trouver cette identité pour exprimer une marque. C’est comme une punchline !

Pour Scènes de ménage sur M, tu as évité le bruit de vaisselle cassée... Ah, au départ, c’est exactement le bruit auquel tu penses : des bisous et des assiettes qui se cassent. On a cherché deux musiques en opposition pour exprimer ça, et puis on a pensé au tango pour la passion, et à une femme en position de haka quand elle t’attend et que tu rentres tard le soir, complèteme­nt bourré. Ça a donné cette musique mêlant tango et les Ah ! Ah ! du haka.

Le tube absolu selon toi ? Mission impossible, le thème de Lalo Schifrin. C’est le plus connu au monde après celui de James Bond alors que c’est un morceau en cinq temps qui coche toutes les cases du truc qui ne peut pas marcher : il est inchantabl­e, mélange jazz et rythmes latinos, il n’a pas de mélodie forte... mais des fois, il faut savoir sortir du formatage, comme on l’a fait pour Citroën avec l’introducti­on d’une voix de femme.

Le tube absolu, c’est Mission impossible”

Tes larmes, quand tu racontes ta rencontre avec Ennio Morricone ? Sa musique a tellement accompagné ma vie. Quand le Maestro a disparu, j’ai reçu plein de SMS, comme si j’avais perdu un proche. La différence entre un comédien et un passionné qui monte sur scène, c’est que je ne peux pas tricher avec cette émotion-là...

Newspapers in French

Newspapers from France