Var-Matin (Grand Toulon)

Christian Estrosi : « Le Tour de tous les exploits »

Le maire de Nice se réjouit du maintien de « la seule grande compétitio­n de 2020 » même s’il regrette « le côté populaire » gommé par des dispositio­ns sanitaires qui n’empêchent pas tout

- YANN DELANOË ydelanoe@nicematin.fr

Ça y est. Le Tour de France 2020 commence. Après un report, et des semaines d’incertitud­e, son départ sera donné aujourd’hui depuis Nice. Sans public, restrictio­ns liées à la Covid-19 oblige. Organisati­on, dispositio­ns sanitaires, doutes jusqu’au bout, retombées, etc. Le maire de Nice, Christian Estrosi, nous livre la vision de ce grand départ très particulie­r.

Ce départ du Tour, vous y avez toujours cru ? Depuis ses débuts en , par seulement deux périodes, le Tour n’a pas eu lieu : lors de la Grande guerre et lors de la Seconde Guerre mondiale. Il s’en est fallu de peu que ce soit la troisième fois. Dès le mois d’avril, même si tous les événements culturels, sportifs, ont été annulés à l’échelle de notre planète, la question s’est posée. Naturellem­ent, l’organisati­on s’est tournée vers les villes étapes et donc vers celle qui, pour la première fois de l’histoire du Tour, est à la fois ville départ et accueille deux étapes : Nice. Nous avions poussé pour être ville départ du Tour. Le  mai, lors du déconfinem­ent, les autorités tablaient sur une disparitio­n du virus. Avec ASO (Amaury sport organisati­on, organisate­urs du Tour de France), on a réussi à décaler la date. Et, malgré la forte reprise de l’épidémie, à maintenir cet événement internatio­nal dans des conditions de restrictio­ns sanitaires strictes.

N’était-ce pas insensé de maintenir le Tour en cette période ? Je privilégie­rai toujours la santé à l’économie. Nous l’avons prouvé à Nice. Nous réalisons de   à   tests par semaine. Et la police municipale niçoise réalise  % du nombre de PV pour nonport du masque au niveau national, soit environ  contravent­ions par jour, cette semaine. Quand on a commencé à nous dire que le virus continuait à circuler, nous avons eu plusieurs réunions avec ASO et la préfecture pour faire évoluer le dispositif sanitaire. Aujourd’hui, il y a plus de dispositio­ns sanitaires au sein de l’organisati­on du Tour que sur l’espace public, sur les plages où les gens s’entassent, ou nombre d’autres endroits. Sur le Tour, il y a quatre bulles, hermétique­s les unes aux autres : les journalist­es ne rencontren­t ni les organisate­urs ni les équipes ni les sponsors. Tout se fait par interview numérique dans des sas séparés, des salles étanches à Acropolis. Moi-même, pour pouvoir monter sur le podium, je suis obligé de passer trois tests PCR, alors que j’ai une immunité du fait d’avoir déjà contracté le coronaviru­s. Quant aux  cyclistes, ils sont testés trois fois par semaine.

Ces dispositio­ns sanitaires sont nécessaire­s mais un Tour sans public… Où est le plaisir ? Nous avons le devoir de nous plier à ces dispositio­ns. C’est dommage, mais c’est comme ça, ce n’est pas seulement à Nice, c’est dans  villes étapes jusqu’à Paris. Tout le monde s’inspire du modèle d’organisati­on niçois, nous devons être exemplaire­s. Nous l’avons montré [jeudi] soir, lors de la présentati­on des équipes. Nous avions disposé   chaises pour seulement   personnes avec deux sièges d’écart à chaque fois. Bien sûr j’aurais rêvé de voir des dizaines de milliers de spectateur­s, ce côté populaire du Tour… Toute l’organisati­on repose sur le fait qu’on empêche les concentrat­ions de personnes à des endroits précis. Mais si on est vraiment fan, vous avez, entre samedi et dimanche,  km de parcours. Celui qui le veut vraiment, qui est fan du Tour et qui veut le voir, peut très bien se poster le long de ce parcours. Pas de public sur la place Masséna mais ceux qui voudraient s’étaler le long des routes, à condition qu’ils ne se concentren­t pas, dans la Tinée, dans la Vésubie, le long de la promenade des Anglais, de la RM au col d’Èze, ou à La Colmiane peuvent parfaiteme­nt le faire. Il faut juste éviter toute concentrat­ion. Les gendarmes seront là pour faire leur travail mais tous ces kilomètres de parcours, ça laisse un peu de place…

Pour vous, ça reste une fête ? Ça fait des mois et des mois que le monde entier attend de retrouver ses champions. Bernal, Alaphilipp­e, des “héros” de Colombie, d’Israël, d’un peu tous les pays. Chacun, après la longue attente engendrée par la Covid, veut retrouver son champion sur cette grande compétitio­n mondiale qui est la seule de l’année . La présentati­on des équipes a été vue par environ , milliards de téléspecta­teurs dans  pays. C’est une fête internatio­nale. En cette année , en France, on a réussi, malgré l’adversité de la Covid dans le monde entier, à relever ce défi de maintenir le deuxième plus grand événement populaire mondial après la coupe du monde de football. À offrir du sport mais aussi des villes, des paysages, des clochers, des villages.

Quelles retombées, pour quel coût, pour Nice ? Nous aurons le départ, la première étape puis une deuxième étape avec, forcément, la victoire d’un grimpeur. Nous serons le curseur du reste de la course ! Tout le monde verra les images de Nice, du port, de la Prom’, de la baie des Anges, de la coulée verte, le Château, les routes de la métropole, ses plus beaux paysages et ses plus beaux villages. Notre patrimoine. Quelle meilleure publicité pour à peine plus cher qu’une campagne promotionn­elle dans le métro de Paris, à quelques centaines de milliers d’euros près ? Il n’y a aucun équivalent en termes d’ampleur avec des milliards de téléspecta­teurs dans le monde. Sur un Tour de France qui est déjà historique, du fait qu’il ne se passe pas à la période habituelle. Du fait, aussi, qu’il sera sûrement celui de tous les exploits puisque les compétiteu­rs ne pensent qu’à lui, ne se préparent que pour lui… Ils ne sortent pas du Giro ou d’une autre compétitio­n car c’est la seule de .

Outre la notoriété, vous aviez évoqué  à  millions d’euros de retombées… Même si les dates ont été décalées, c’est un calendrier qui permettait de garantir à l’hôtellerie, aux commerces et à la restaurati­on un petit prolongeme­nt de la saison estivale et ça reste un bon calendrier puisque nous avons   nuitées jusqu’à lundi rien qu’avec l’organisati­on du Tour, les équipes, les journalist­es qui sont au nombre de   sur place, les sponsors, etc.

Je rappelle que l’étape amateur n’est pas annulée mais reportée au premier week-end de juillet  et   inscrits à cette épreuve pourront la disputer. Nous aurons donc un deuxième rendez-vous en  avec le monde cycliste. Ces amateurs auront une année pour s’entraîner et venir passer des vacances à Nice pour repérer la route. Nous aurons donc, d’une certaine manière, des retombées plus étalées dans le temps. Naturellem­ent, nous n’aurons pas les retombées économique­s prévues dans l’instant T. Mais la notoriété de la ville va certaineme­nt attirer du monde dans les années à venir. Et le savoir-faire de notre organisati­on, grâce au travail exceptionn­el de nos équipes, soit près de   agents directemen­t impliqués dans l’organisati­on de ce Grand Départ du Tour de France, va attirer d’autres organisate­urs, d’autres événements. Et puis il n’y a pas que l’argent. Il y a ce que le Tour laissera chez nous. Par exemple, ce Tour  nous a incités à organiser des initiation­s vélo dans les écoles. Nous avons décidé de les poursuivre, parce que nous nous sommes rendu compte qu’à l’âge de  ou  ans pas plus de trois élèves sur  savent manier un vélo. Par ailleurs, le Tour a donné un coup de projecteur sur cet élément de mobilité important désormais dans la cité. On a, notamment, une hausse de  à  % des demandes d’aide métropolit­aine à l’acquisitio­n des vélos électrique­s par rapport à l’an dernier.

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(Photo Frantz Bouton) Le maire, Christian Estrosi, se réjouit du maintien du Tour.

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