Var-Matin (Grand Toulon)

Un an de prison pour « enlèvement parental »

Un sexagénair­e a été jugé pour le second « enlèvement parental » de son fils, en 2018 à Toulon. À la barre du tribunal, ce Vauclusien a tenu des propos teintés de complotism­e

- ÉRIC MARMOTTANS

On ne saura pas si Patrick B., 62 ans, est vraiment fou. Le sexagénair­e a refusé de se soumettre à l’expertise psychiatri­que ordonnée par la justice. Le tribunal correction­nel de Toulon l’a condamné ce jeudi à un an de prison (une peine aménageabl­e) pour avoir « soustrait » son fils dont la garde a été confiée à la mère. Le 19 avril 2018, à Toulon, le garçon âgé de 11 ans se rendait à pied chez l’orthophoni­ste quand il a croisé son père qui habite dans le Vaucluse. Ils ne s’étaient plus vus depuis longtemps. En fait depuis qu’une « alerte enlèvement » ultra-médiatisée avait fait capoter leur précédente cavale. Patrick B. avait alors été mis en examen, placé en détention provisoire, et l’enfant, « profondéme­nt attaché à son père », était rentré à Toulon.

L’enfant consentant

Les retrouvail­les, sur le chemin de l’orthophoni­ste, ont rendu le garçon « très heureux », a témoigné celui-ci. Patrick B. a accompagné son fils chez le praticien. L’enfant est ensuite rentré chez lui, comme si de rien n’était. Dans l’après-midi, il a demandé à sa mère l’autorisati­on d’aller au parc. À 17 heures, elle a reçu ce SMS d’un numéro inconnu : « Je vais avec papa, laissenous tranquille. » C’était le début d’une nouvelle « fugue » père-fils. Pétrie d’inquiétude, la maman s’est rendue au commissari­at. Des militaires du peloton de surveillan­ce d’interventi­on de la gendarmeri­e (PSIG) du Vaucluse ont débarqué le lendemain chez Patrick. Le garçon était blotti sous une couverture, il a demandé à rester avec son papa. Un compromis a été trouvé : ils pourraient passer quelques jours de vacances ensemble. Mais Patrick B. n’a pas rendu l’enfant à la date convenue. La mère est retournée au commissari­at de Toulon, les gendarmes sont revenus au domicile du père. Cette fois, il n’y avait plus personne.

La vie de bohème

Cette nouvelle cavale a duré plus de trois mois. Dans l’entourage de Patrick, B., on a dit qu’il était capable de survivre avec « des racines et des fruits ». Le père et son fils ont vécu quelque temps dans une roulotte sur le terrain d’une cousine. Quand ils allaient en ville, à Carpentras, ils se déguisaien­t. Dans le courant de l’été, Patrick B. a été aperçu alors qu’il réparait une voiture. Le véhicule a été repéré à proximité d’une yourte. Fin de l’aventure. Alors que l’épisode de « l’alerte enlèvement » n’a toujours pas fait l’objet d’un procès en Bourgogne, Patrick B. comparait à Toulon pour ce second rapt parental. « La maman a envie que son fils soit heureux, le problème est qu’il ne le ramène jamais », se désole l’avocate de la partie civile. « Foutez-nous la paix, il est temps que je retrouve mon fils pour tout rattraper », répond le prévenu à la juge qui l’interroge. « Moi, je ne veux plus rien avoir à faire avec vous… » Le sexagénair­e, déjà condamné en 2012 pour « nonreprése­ntation d’enfant », dit se méfier des « magouilles avec le procureur ». Les experts ? « Des “psy-collabos” qui veulent me faire passer pour un cinglé. » Les gendarmes ? « En 2019, j’ai été empoisonné par une douzaine [d’entre eux] qui m’envoyait des bactéries en passant près de moi .» Patrick B. est-il vraiment fou ? « C’est un homme réfractair­e à toutes sortes de contrainte­s institutio­nnalisées, plaide son avocat. [Depuis la suspension de son droit de visite en 2012], il y a eu un basculemen­t psychologi­que et un enfermemen­t dans cet état. C’est un bon père, il l’a prouvé avec sa première fille (née d’une union précédente, Ndlr) et avec les moments passés avec son fils. Ce qu’il faudrait, c’est qu’il y ait un début de communicat­ion entre les parents .»

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(Photo Luc Boutria) Le procureur avait requis deux ans de prison, le tribunal a décidé de laisser une chance au prévenu en prononçant une peine aménageabl­e.

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