Var-Matin (Grand Toulon)

Groupama-FDJ le jour d’après

Au lendemain d’une journée cauchemard­esque marquée par des chutes de la quasi-totalité de son effectif, l’équipe de Marc Madiot a retrouvé une sérénité encore friable

- CORENTIN MIGOULE

Quand je vois qu’on nous critique parce qu’on neutralise la course… Nous, coureurs, on ne comprend pas. Ça me met en colère, parce que ce n’est pas du vélo. La pluie et les chutes font partie de la course, mais quand ce n’est plus praticable… Hier [lire : samedi, Ndlr] dans la descente, il y avait du gasoil partout sur la route. À la télé, on n’a pas tout vu. Des chutes, il y en a eu dans tous les virages. C’est pour ça que c’était l’une de mes pires journées sur le vélo. » Thibaut Pinot n’a pas fait dans la dentelle, hier matin, lorsqu’il a fallu évoquer l’étape de la veille. Quelques heures plus tard, le Franc-Comtois devait sûrement suer à grosses gouttes. Parce que la chaleur était de retour sur la route du Tour d’abord, et c’est bien normal pour un mois d’août. Parce que, ensuite, il s’est sans doute imaginé passer trois semaines sans son lieutenant le plus précieux lorsque la route s’élève, le prometteur David Gaudu. Le Breton de 23 ans a inquiété lorsqu’il s’est retrouvé lâché dès le premier kilomètre de cette deuxième étape exigeante. Celui qui court son troisième Tour de France faisait partie de la liste innombrabl­e de coureurs à avoir été envoyés au tapis lors d’une première journée dantesque. Mais à l’inverse de son leader, qui avait eu la bonne idée de chuter 50 mètres après avoir passé la ligne des trois derniers kilomètres, à partir de laquelle les temps étaient gelés, Gaudu n’abordait pas le départ de la 2e étape en pleine possession de ses moyens.

Thibaut Pinot est dans les temps

Souffrant d’un traumatism­e au niveau du sacrum, la journée, ponctuée de trois cols et de 4 000 mètres de dénivelé, s’annonçait comme un supplice auquel le coureur de

Groupama-FDJ aurait pu être tenté de mettre fin. Harangué par ses directeurs sportifs, Philippe Mauduit en tête, Gaudu s’est accroché. S’il a pu profiter du train de sénateur du peloton pour le réintégrer dans le col de la Colmiane, le Breton cédera lors de la mise en route des Jumbo-Visma. L’idée d’un abandon lui a alors peut-être traversé l’esprit. Mais la quête de maillot jaune de Thibaut Pinot, dont il est un maillon essentiel, était un motif suffisant pour ne pas renoncer. Au terme d’un combat contre ses douleurs, mais avec l’aide de son coéquipier Stefan Kung, David Gaudu était le 96e coureur à franchir la ligne d’arrivée, à près de 18 minutes du vainqueur du jour. « Je sors des radios, c’est rassurant, il n’y a rien de cassé. J’ai eu vraiment peur en début d’étape, car je ne pouvais plus pédaler sans avoir mal. La douleur s’est estompée au fur et à mesure de l’étape, même si c’était plus dur dans le final. Rentrer dans les délais était l’objectif.

C’est réussi », Gaudu. Aujourd’hui, il devrait pouvoir profiter d’une étape promise aux sprinteurs pour panser ses plaies. Le temps de se refaire la cerise avant les grandes échéances lors desquelles il sera, après Sébastien Reichenbac­h et Rudy Molard, le dernier soutien du FrancComto­is. « Ce n’est jamais bon de tomber sur la première étape. On va essayer de faire avec aujourd’hui et passer la journée la plus sereine possible. Je vais me battre pour finir dans le temps du vainqueur », disait Pinot au moment de prendre le départ, hier matin. Le candidat au podium a presque joint les actes à la parole en finissant 29e, à deux secondes d’Alaphilipp­e, mais avec les meilleurs. Une journée tranquille où l’on n’a pas eu à parler de lui. « On a sauvé la journée avec Thibaut [Pinot], sûrement pas dans un grand jour mais qui n’a pas perdu de temps au classement général. Donc la journée se termine quand même bien », concluait Rudy Molard. Ce semblant de sérénité retrouvé mérite confirmati­on. La première arrivée au sommet à Orcières-Merlette, demain, est une bonne occasion. résumait

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(Photos AFP) Thibaut Pinot encadré par deux Jumbo : le Français a passé hier une journée calme.
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