Var-Matin (Grand Toulon)

Frissons dans le Turini

- VINCENT MENICHINI

Le Tour est donc plus fort que tout. C’est ce qu’on s’est dit à chaque village traversé, hier, sur la moto de Romain Champion, qui a régalé Nice-Matin lors de ce week-end mémorable. Le samedi, il avait ramené sain et sauf Mathieu, sous le déluge. Une vraie prouesse sur une route transformé­e en patinoire à ciel ouvert. «Je peux te le dire, aujourd’hui, c’est un petit miracle si tout s’est bien passé lors de cette première étape », nous a glissé cet ancien opticien de 35 ans, reconverti en électricie­n et en pilote de choc. Hier, notre gars sûr de ce Tour nous a permis de vivre une expérience unique, que l’on a tentée, au maximum, de partager avec la famille et les amis. Il y a d’abord eu la traversée de la Plaine du Var, où l’on a accompagné les tourments de Gaudu, le coéquipier de Pinot grande bouche ouverte beaucoup trop tôt, frôlé Roglic et découvert, en direct, le numéro d’équilibris­te qui consiste à se sentir plus léger sur un vélo. Après ça, on a pris la roue de Peter Sagan et ses mollets saillants, qui lui permettent de pédaler à plus de 40 km/h dans la Vallée de Tinée. On a aussi collé Voeckler et son casque avec écrit « THOMAS » à l’arrière, avant de mettre le clignotant pour prendre la pose avec l’inusable diable. Il avait l’air content d’être là, comme tous ces gens croisés au fil de cette étape traversée sous un ciel azur et un soleil de plomb. A Valdeblore, il y en avait un peu partout des dingos du Tour, avec des masques, toujours. Comme à La Colmiane, à la Bollène ou au sommet du Turini, où on a tapé la discute avec Benjamin, Laura et leur petit Iago, venus spécialeme­nt de Monaco. « D’habitude, on vient plutôt pour le rallye, mais l’ambiance est vraiment chouette, bon enfant ». À Roquebilli­ère, Jacqueline et Jean-Claude ont d’abord fait un peu le museau quand on a garé notre moto juste devant eux. « Oh, je vois plus rien ! », nous a lancé Jacky, abonné à Nice-Matin ,àqui on a promis qu’elle serait dans le journal du lendemain. Jean-Claude, lui, était davantage intéressé par la cylindrée de notre bolide. Une bonne grosse bécane, avec deux roues à l’avant, qui nous a permis d’effectuer la descente du Turini en beaucoup moins de temps qu’avec les copains en vélo.

Au milieu d’un bordel sans nom – les voitures roulent à droite, les motos à gauche, mais tout le monde se double et se frotte sans scrupule –, on a passé le mur du cent vers la Cabanette, avant le saut vertigineu­x pour Lucéram avec notre funambule. Jusqu’à l’Escarène, l’un des villages les plus animés de cette deuxième étape, on en a pris plein la vue. On n’a pas toujours fait le fier dans les “flip-flap” de cette calade vers la Vallée du Paillon, où les amoureux de la Grande Boucle étaient amassés en nombre à chaque rond-point. Mais c’était encore mieux niveau ambiance dans la montée du Col d’Eze, avec des maillots à pois, partout et toujours là, des tuniques du Gym à foison et des déguisemen­ts les uns plus élégants que les autres. On a croisé les cousins, dont François, qu’on n’a pas eu besoin de beaucoup chauffer pour qu’il prenne feu aux Quatre-Chemins, quelques minutes avant l’attaque de Julian Alaphilipp­e. Bien joué Champion(s) ! En masque et contre tous, le Tour a encore fait rêver les petits et les grands. Il n’y a plus qu’à souhaiter qu’il revienne très vite à Nice.

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