Var-Matin (Grand Toulon)

Yannick Agnel : « Nice, toujours dans mon coeur »

Le double champion olympique de natation, ancien nageur à l’ONN, est un jeune retraité épanoui. En marge de cette deuxième étape, il a remonté le temps pour notre journal

- PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT MENICHINI

Si sa vie est désormais établie à Paris, Yannick Agnel garde un profond attachemen­t à la Côte d’Azur. « Quand je reviens ici, à Nice, c’est comme si je rentrais à la maison », nous a-t-il confié hier matin. A  ans, l’ancien nageur de l’ONN, double champion olympique à Londres en , demeure cet interlocut­eur privilégié et affable.

Vous dites-vous, parfois : « Et si je replongeai­s ? » Pour éviter de passer pour un idiot, je ne dis jamais que c’est impossible, mais il y a vraiment un temps pour tout. C’était le bon moment de passer à autre chose, en . Je ne voulais pas être engoncé dans un carcan. Je ne voulais pas être prisonnier de ce que j’avais fait toutes ces années précédente­s, mais être légitime dans d’autres domaines. J’ai toujours fait comme je le sentais.

Vous aimez cette nouvelle vie ? Oui, même s’il y a un poids aujourd’hui qui n’existait pas avant. Quand tu es athlète de haut niveau, tu n’as pas besoin de planifier ta vie. Elle est tracée. Tu sais où tu seras dans deux mois, six mois, un an, quatre ans, voire huit. Quand j’ai arrêté, j’ai parfois eu l’impression d’être au bord d’un précipice. J’avais un océan de possibilit­és. Que faire ? Et personne ne répond pour toi.

C’est la peur du vide ? Il y a des questionne­ments, à savoir quel sens donner à sa vie. Mon fil rouge avait toujours été le sport. Il faut faire en sorte de ne plus être jugé sur un exploit réalisé à vingt ans. C’était immense, génial, mais c’est une forme de reconstruc­tion ensuite. Le quotidien n’est plus du tout le même, mais d’une manière très positive. Car, tout ce que je n’ai pas pu faire avant, je peux le réaliser aujourd’hui. J’ai plein de casquettes. Chaque matin, j’ai un challenge différent.

Quelle est votre activité principale ? Il y a le e-sport [des compétitio­ns de jeu vidéo, Ndlr] ,avecleclub MCES à Marseille. On a une section profession­nelle et une autre académique qu’on essaie de développer et d’étendre partout dans le monde. J’ai également un engagement avec France TV, qui me permet de rester connecté avec le monde du sport et la nouvelle génération de nageurs, que j’essaie de soutenir.

Vous en pensez quoi de cette nouvelle vague au sein de la natation française ? C’est encore en constructi­on. Elle ne démérite pas. Cette année pandémique chamboule tous les plans. Il est compliqué de prédire ce qu’il va se passer. On n’a plus de repères. Le potentiel est là en équipe de France. Je ne sais pas s’il pourra s’exprimer dès , à Tokyo, mais je suis confiant pour .

À l’inverse des JO et de l’Euro, le Tour, lui, n’a pas été annulé... Ça prouve qu’il est inarrêtabl­e. Ça me fait très plaisir. Je ne sais pas s’il ira au bout, mais on voit des sourires, des gens qui en profitent, dans le respect des consignes sanitaires. C’est du bonheur. Dès la première étape, il s’est passé plein de choses. C’est ça le sport, le seul domaine qui procure des émotions aussi facilement et naturellem­ent. C’est fluide.

Vous suivez cette épreuve depuis gamin ? Bien sûr… C’est le meilleur moment de l’année, l’enchaîneme­nt Roland-Garros Tour de France. Virenque, la période Armstrong, ça m’a accompagné.

Le vélo, vous avez toujours apprécié ? Gamin, à Nîmes, c’était plus le VTT sur les terrains rocailleux et accidentés dans la garrigue, en famille. On avait un parcours de santé près de la maison. Le vélo, c’est l’enfance, la liberté, l’émancipati­on, l’effort et l’apprentiss­age des règles. Ce programme « Un enfant, un vélo » lancé avec Century  serait adaptable pour les adultes. C’est bien de faire de ces enfants de bons jeunes citoyens. À Paris, où j’habite, je me déplace de plus en plus à vélo. J’adore être un touriste dans cette ville. On me reconnaît de moins en moins. de faire e du dernier Dauphiné. J’aime beaucoup ce qu’il a créé à côté du vélo. Il est diplômé de philosophi­e, a écrit des bouquins. Il a trouvé son équilibre. Il prouve que c’est possible. Je ne le connais pas du tout, mais j’aimerais beaucoup le voir gagner une étape.

Vous vous êtes déjà retrouvé dans un col à vélo ? Gamin, j’habitais non loin des Cévennes et on avait grimpé le mont Aigoual. J’aimerais beaucoup en refaire, mais en habitant Paris, c’est un peu galère. J’ai passé ma vie dans un bac à compter des carreaux, mais j’aime beaucoup le fait de vaquer dans la nature. Dans l’arrière-pays niçois, ça doit être incroyable. J’envie parfois les coureurs.

Vous vous reconnaiss­ez en eux ? Il y a des similitude­s. Ce sont des sports où on ne joue pas, ce n’est pas très ludique. On recherche autre chose que le plaisir immédiat. Mais ce sont des sports très enrichissa­nts sur le plan méditatif. C’est une sorte d’introspect­ion, d’apprentiss­age de soi, de son corps et de l’esprit. On s’élève spirituell­ement à travers ces sports.

Revenir à Nice vous procure toujours autant d’émotions ? (Direct) Oui. J’ai le sentiment de revenir à la maison. Ça me fait du bien. J’ai vécu des années importante­s de ma vie, toute mon adolescenc­e. Certains de mes plus proches amis habitent ici. J’ai besoin de retrouver la lumière, le soleil, les spécialité­s niçoises, moins de voir [la piscine] Jean-Bouin (rires). Nice restera dans mon coeur pour toujours. L’air est doux ici. Les Niçois m’ont adopté avec bonté et bienveilla­nce.

Il y avait notamment eu ce défilé en bus à impériale après les JO de Londres en … On m’a remontré les images pas plus tard qu’hier. C’était quand même un truc de dingue. Pour le coup, là, c’était les Beatles. On était dans un tourbillon avec Camille [Muffat], Clément [Lefert], Charlotte [Bonnet] et Anna [Santamans] .Ça me fait bizarre, car je n’ai pas l’impression que c’est moi, quand je regarde ces images. Cela me semble être une fiction. J’ai apprécié les honneurs mais il ne faut jamais prendre tout ça pour acquis. C’était une vague d’amour, c’était génial.

 ?? (Photo V. M.) ?? Yannick Agnel, double champion olympique de natation, Laurent Vimont, président de Century  France, Jean Stellittan­o, secrétaire national du Secours populaire français et Samuel Le Bihan, acteur, prennent la pose avec les enfants lors de la remise des vélos, hier à Nice.
(Photo V. M.) Yannick Agnel, double champion olympique de natation, Laurent Vimont, président de Century  France, Jean Stellittan­o, secrétaire national du Secours populaire français et Samuel Le Bihan, acteur, prennent la pose avec les enfants lors de la remise des vélos, hier à Nice.

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