Var-Matin (Grand Toulon)

C’est le public qui a adopté cette chanson”

- JIMMY BOURSICOT jboursicot@nicematin.fr

C’est ce que les Anglo-Saxons appellent un one-hit wonder. Un succès sans lendemain interprété par un artiste n’ayant plus connu d’autre sommet du genre par la suite. Ces soiréeslà, c’est toute la carrière de Yannick. Et mine de rien, c’est déjà beaucoup. Sorti le 25 mars 2000, le single entre en treizième position du classement des meilleures ventes. Trois semaines plus tard, le voilà sur la première marche du podium. Il y passera quinze semaines consécutiv­es, pour un « séjour » total de trente-six semaines dans le Top 50. Le tout ajouté à dix semaines comme numéro un en Belgique. Sacrée performanc­e, matérialis­ée par la vente d’un million et demi de CD. Soit plus de deux cent mille exemplaire­s qu’Alizée, autre nouvelle tête en vogue, avec Moi, Lolita.

Sans préméditat­ion

« Quand je pense qu’un jour, des gens se sont levés et ont fait la démarche d’acheter mon disque, ça me fait bugger et ça me touche encore énormément », nous glissait avec sincérité Yannick M’Bolo en juillet 2018, en marge de l’événement caritatif Enfant, Star et Match à Antibes, dont il est un fidèle soutien. L’artiste parisien avait seulement 21 ans lorsque sa chanson a cartonné. Son morceau, basé sur la rythmique de Cette année-là, dont il a modifié et modernisé les paroles, semble avoir été taillé pour squatter les ondes. Et pourtant, plusieurs maisons de disques et stations de radio ont affiché une moue dubitative en l’écoutant. Sony Music, qui détenait alors une partie des droits du catalogue de Cloclo, a tout de même tenté le coup. « Rien n’était calculé, c’est le public qui a adopté cette chanson. Ça prouve que rien n’est jamais acquis, dans le bon sens comme le mauvais », poursuivai­t Yannick.

Classez-le dans la variét’

Le garçon avait pris un risque. Celui de se griller au sein de son milieu d’origine, la planète rap. Depuis son adolescenc­e, il faisait partie de la Mafia Trece. Une écurie réputée de la deuxième moitié des années 1990, dont Leeroy, du Saïan Supa Crew, ou Diams, faisaient partie. D’autres, comme Pit Baccardi ou Oxmo Puccino, ont également collaboré avec le collectif francilien. À cette époque où le hip-hop français devait être « conscient », lettré et revendicat­if. Même si les Marseillai­s d’IAM avaient ouvert une brèche avec Je danse le Mia, l’ambiance n’était pas à la fiesta. «Iln’y avait pas de musique rythmée, c’était presque un péché. Faire chanter des filles sur des refrains, ça ne se faisait pas non plus. J’étais un extraterre­stre », estimait Yannick sur le site purecharts.fr. Tout en conservant un phrasé de rappeur, celui-ci s’est laissé glisser vers le rayon variétés, sans vraiment en souffrir. « Les gens qui me connaissen­t de près ou de loin savent que j’aime danser, chanter, faire des rencontres. Cette chanson me définit bien », nous expliquait-il à l’occasion de son passage sur la Côte d’Azur. Lancé en 1998 et présent sur son seul et unique album, C’est ça qu’on aime, le groovy et ironique J’aime ta maille affirmait déjà son envie de jouer les entertaine­rs plutôt que le gros bras du bas des blocs.

Yannick libre dans sa tête

Par la suite, Yannick n’a plus jamais réussi à trouver la formule magique. Après avoir essayé d’imposer Fais ce qu’il te plaît ,en se basant sur Chacun fait (c’qui lui plaît), de Chagrin d’amour, il avait notamment repris Oh Happy Day en compagnie de Lââm et Piero Battery. D’autres auraient sans doute sombré dans la morosité. Mais Yannick est dans un autre état d’esprit. Évoquer Ces soiréeslà lui scotche encore un large sourire sur le visage. « Ce titre, c’est l’hymne de ma vie. Il me permet d’être heureux et de ne pas faire de forcing. Je fais ce que j’aime, quand je veux », nous assurait-il. En plus des événements dans lesquels il est invité pour interpréte­r son classique, devenu un standard des fêtes de mariage ou d’anniversai­re, l’artiste assurait plancher sur un deuxième album. Sur sa page Wikipédia et un article de Melody.tv, on apprend que le chanteur a obtenu une licence profession­nelle à Paris 13, l’an dernier, et qu’il est devenu chargé de clientèle à la Banque Postale de Châtenay-Malabry, dans les Hauts-deSeine. On y lit aussi que Yannick M’Bolo suit un autre cursus pour devenir directeur d’agence. Quoi de mieux que d’avoir un boss qui pourrait se mettre à entonner ceci lors d’un pot d’entreprise : «Que tous ceux qui sont dans la vibe / Que toutes celles qui sont dans la vibe / Que ceux qui sont assis se lèvent /Allez maintenant on y va. »

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