Var-Matin (Grand Toulon)

L’histoire reprend pied dans les vignes du Jas des Oliviers

Le domaine familial fréjusien, qui vient d’entamer les vendanges, a remis depuis peu au goût du jour un cépage, l’aubun, que l’on croyait perdu (ou presque) depuis la tragédie de Malpasset

- N. PASCAL npascal@varmatin.com 1. Un cépage est un type ou une variété de plant de vigne, cultivé, et caractéris­é par des particular­ités biologique­s.

Les génération­s se succèdent, la vigne demeure : c’est une histoire de famille qui s’écrit au sein du domaine viticole Le Jas des Oliviers, à Fréjus (lire ci-dessous). Il y a Jean, le papa, qui s’occupe surtout de la vigne, Christiane, la maman, au caveau de vente, Myriam, l’une des deux filles, touche-à-tout, dans le commercial et la comptabili­té, et enfin Mireille, l’autre fille, maître de chai. En cette fin de mois d’août, tout le monde est sur le pont : les vendanges ont débuté mercredi dernier, à commencer par la parcelle en face du caveau de vente. Des vendanges comme les autres ? Pas exactement... Si, dans le coin, les vendanges s’articulent, en cette fin d’été, autour de cépages (1) fort répandus – cabernet, grenache, merlot et consorts – le Jas des Oliviers cultive sa différence, proposant, en plus des cépages classiques, un autre méconnu : l’aubun.

Pour l’histoire et le goût

« On en avait beaucoup sur la commune de Fréjus et dans notre exploitati­on, par le passé, avant la catastroph­e du barrage de Malpasset, explique posément Myriam. Mais la vague, en ce 2 décembre 1959, a tout détruit sur son passage. Par la suite, des subvention­s ont été distribuée­s pour que les viticulteu­rs de la commune plantent de nouveaux cépages. Mais le choix s’est porté sur des cépages plus courants, plus faciles à cultiver et donnant un meilleur rendement, délaissant ainsi l’aubun. À l’époque, mon grand-père n’avait pas beaucoup d’argent et a donc été contraint de préférer les cépages proposés à l’aubun. » Voilà pour l’histoire. Mais c’était sans compter les membres de la famille Ollivier, qui ne pouvaient se résigner à délaisser ce cépage... « D’autant plus que sur une toute petite partie d’une de nos parcelles, il nous en restait un petit peu, se souvient Jean. On n’y faisait pas bien attention et puis un jour, il y a quelques années, on s’est dit qu’il faudrait le cultiver à nouveau ! Alors on a demandé à un pépiniéris­te de nous faire des greffons à partir de ces vieux cépages. Il nous a fallu huit ans environ pour en tirer quelque chose », et “la cuvée Aubun” a enfin vu le jour en 2017. Depuis, la famille prend grand plaisir à vendanger leurs parcelles d’aubun, précieuses à leurs yeux. Pour l’histoire qui va avec et... pour le goût aussi !

Bientôt   pieds

« Ces cépages d’aubun poussent droit, ne demandent pas beaucoup de travail, le rendement n’est pas énorme mais il est régulier, constate Jean. Le défaut qu’on lui trouvait est qu’il était clair. Après quelques essais, on a arrêté de le produire en rouge (clair) pour le proposer en rosé. » Le succès est rapide, si bien que la famille Ollivier passe de 2 000 pieds il y a trois ans à 6 000 pieds de ce cépage, désormais. « On va encore doubler ce chiffre bientôt, assure Jean. Mais pas au-delà, il faut bien qu’on garde un peu des autres ! » La famille Ollivier aime tous ses enfants de manière égale...

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(Photos Philippe Arnassan) Depuis trois ans, la cuvée aubun régale les amateurs de ce rosé subtil et fruité. Mais connaissen­t-ils la petite histoire derrière ce cépage rare ?

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