Var-Matin (Grand Toulon)

Arrestatio­n du Niçois Omar Omsen : un expert décrypte

Le Franco-Sénégalais Omar Diaby, dit Omsen, devenu recruteur de djihadiste­s après avoir grandi à Nice, a été une nouvelle fois arrêté. Analyse avec Jean-Charles Brisard, spécialist­e de l’antiterror­isme

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Il préside le Centre d’analyse du terrorisme. À ce titre, Jean-Charles Brisard réagit à la nouvelle interpella­tion d’Omar Omsen, hier en Syrie, par Hayat Tahrir as Sham (HTS), groupe rebelle et djihadiste. Arrestatio­n lors d’une réunion avec des membres du Parti islamique du Turkestan, dans le cadre d’un conflit présenté comme mineur.

Que penser de cette info ? Un communiqué officiel de la brigade de Diaby (Omsen, N.D.L.R.) mentionne son arrestatio­n avec trois autres personnes devant être conduites devant un tribunal de Tahir as Sham. En indiquant que cela concerne un « léger différend » avec le Parti islamique du Turkestan.

Quel est le statut de cet homme, donné pour mort, arrêté plusieurs fois ? Il a créé une brigade combattant­e en , Firqat Ul Gharaba. Et constitue toujours une force d’attraction pour de nombreux djihadiste­s français désireux de se rendre sur zone. Aujourd’hui, on estime que près de  personnes appartienn­ent à sa brigade, localisée au nordouest de la Syrie, à la frontière avec la Turquie.

Des Français ? Des Niçois ? Essentiell­ement des francophon­es, oui. Depuis le tarissemen­t des filières djihadiste­s, fin , on estime qu’une dizaine de Français ont tenté de rejoindre, ou l’on fait, cette brigade. Beaucoup de Niçois ont intégré initialeme­nt ce groupe.

Que sait-on de la dangerosit­é d’Omsen ? C’est quelqu’un qui a légitimé publiqueme­nt l’attentat contre CharlieHeb­do, dont le procès s’ouvre mercredi à Paris. Certains de ses partisans ont été impliqués ces dernières années dans des projets d’attentats en France. Lui a été accusé de séquestrat­ion, en relation avec une petite Belge dont la mère réclamait le retour et dont le père, combattant, était mort sur zone. Et c’est surtout un individu qui continue d’attirer de nombreux jeunes dans sa brigade.

Pourquoi les services français n’ont-ils pas réussi à le neutralise­r ? Pour moi, cela s’explique beaucoup par la focalisati­on de la coalition sur l’État islamique pendant de nombreuses années, qui a contribué à l’impunité qui est la sienne jusqu’à présent. Et c’est quelqu’un dont la longévité repose sur des équilibres fragiles, avec des alliances de circonstan­ce qu’il noue avec des groupes. Selon certaines rumeurs, il aurait trouvé un accord avec les autorités turques, d’autres parlent de mise à dispositio­n d’une partie de ses combattant­s au profit d’Al Quaïda, ou d’une filiale. En tout cas, il se maintient d’une façon assez précaire, ces alliances faisant qu’il est arrêté de temps en temps, au gré de dissension­s internes, en raison aussi de sa personnali­té controvers­ée et très médiatique. Il a d’ailleurs annoncé, il y a seulement deux jours, qu’un site internet serait mis en ligne le  septembre.

Donc, arrêté et sans cesse relâché ? En , il était accusé de malversati­ons financière­s et de déviance religieuse par des membres de son groupe. Il est resté six mois en prison, à la suite d’une décision d’un tribunal en Syrie.

A-t-il du sang sur les mains ? Pas qu’on le sache, directemen­t, mais encore une fois c’est une brigade qui a combattu sur différents fronts en Syrie. Pour l’instant, je reste prudent sur cette arrestatio­n, cela ne veut pas dire que son groupe est défait, loin de là. Il existe, on sait qu’il est actif. Bien sûr, sa brigade minimise cette arrestatio­n, mais elle le fait systématiq­uement. Il faudra donc attendre pour savoir si cette interpella­tion aura une réelle conséquenc­e sur son maintien à la fois comme vecteur de propagande et surtout comme recruteur.

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Jean-Charles Brisard. (DR)
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Omar Omsen. (DR)

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