P. Vandier nouveau chef d’état-major
Après quatre ans passés à la tête de la Marine, le chef d’état-major a passé la main hier à Toulon. Il est remplacé par l’amiral Vandier, ancien chef du cabinet militaire de Florence Parly
L’amiral Christophe Prazuck quitte le bord et la Marine. » Ces quelques mots entendus hier midi sur le pont d’envol du Charles-de-Gaulle marquent la fin d’une carrière exceptionnelle de 41 ans. Mais pour voir le plus haut gradé de la Marine nationale partir en retraite après quatre décennies de service, il faut regarder quelque 18 mètres plus bas, vers la surface de l’eau. C’est en effet à bord d’une yole, à l’aviron, que l’ancien chef d’état-major de la Marine s’éloigne lentement de l’unique porte-avions français.
En présence de la ministre des Armées
Pour l’occasion, le bagad de Lann-Bihoué est descendu de Bretagne, mais la ballade qu’il joue est vite couverte par le vacarme des 19 coups de canon tirés depuis le patrouilleur de haute mer Commandant Birot, au mouillage en petite rade de Toulon, à quelques encablures de là. Trop loin pour voir l’émotion qui sans doute l’envahit à ce moment-là, on aperçoit l’amiral Prazuck saluer les marins au garde-àvous à bâbord sur le pont d’envol. Un peu plus tôt dans la matinée, c’est la ministre des Armées, Florence Parly en personne, qui a présidé la cérémonie d’adieu aux armes de l’amiral Christophe Prazuck. Dans son discours, la ministre a notamment mis l’accent sur l’une des préoccupations majeures de l’amiral Prazuck : son attention pour les marins. « Tout au long de votre brillante carrière, vous n’aurez de cesse d’être attentif au trésor humain. C’est ainsi que vous considérez les hommes et les femmes qui vous entourent. Des trésors humains. »
Un homme d’innovation
En référence au passé de sous-marinier de l’amiral Prazuck, Florence Parly est également revenue sur la reprise des recherches de la Minerve. « L’apparent calme des profondeurs sous-marines, l’esprit de camaraderie, la puissance de l’arme sous-marine (...) vous fascinent (...) C’est sûrement ce qui vous a poussé à m’écrire en décembre 2018 pour demander la reprise des recherches de la Minerve. Encore aujourd’hui, je vous en remercie. Nous avons vécu ces recherches avec espoir, conscients du risque d’essuyer une déception. Et nous avons partagé cette émouvante retrouvaille entre des familles éprouvées par des décennies de questions et la sépulture où reposent les leurs. »
L’amiral Prazuck a été également un homme d’innovation. La ministre des Armées n’a pas manqué de le souligner. « Vous quittez le service actif en ayant développé une Marine de combat, en pointe, capable de tenir la mer comme très peu de marines au monde savent le faire. Vous faites partie de ces rares personnes dont on peut dire qu’elles ont un peu changé le visage de nos armées, et ceci, pour le meilleur. » Pour conclure, et souhaiter « bon vent et bonne mer ! » à un officier d’exception, Florence Parly a, non sans une certaine émotion, cité ces quelques mots de Jean Jaurès : « Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense ». Avant de quitter le bord, l’amiral Christophe Prazuck a remis un mât de pavillon et la marque du chef d’étatmajor de la Marine (un pavillon tricolore frappé de deux ancres croisées), comme un passage de témoin, à son successeur l’amiral Pierre Vandier.