L’amiral Vandier : «Nos forces risquent d’être confrontées au combat »
À peine intronisé officiellement dans ses fonctions de chef d’état-major de la Marine nationale, l’amiral Pierre Vandier s’est prêté au jeu des questions-réponses. Une interview réalisée sur le pont d’envol du Charles-de-Gaulle, un bâtiment qu’il connaît bien pour y avoir été affecté à plusieurs reprises.
En vous adressant aux marins, vous avez évoqué « des crises susceptibles de mener au combat ». La Marine est-elle armée pour répondre à ces nouvelles situations ?
Le conflit en mer est effectivement une nouvelle hypothèse de travail qu’il faut envisager. On constate une mutation rapide du contexte international, marqué notamment par un affaiblissement du droit et des traités internationaux. Dans ce contexte, nos forces risquent effectivement d’être confrontées à des situations de crise susceptibles de mener au combat. Ces changements interviennent à une période de renouvellement profond des moyens de la Marine. Avec l’arrivée du Suffren cet été, le renouvellement des sous-marins nucléaires d’attaque a commencé. Le programme pour dix patrouilleurs océaniques a également été lancé. De même que le remplacement des pétroliers ravitailleurs. Mais en terme d’ambition, sans doute devons-nous viser plus haut que ce qu’on avait imaginé.
Que voulez-vous dire ?
On ne part pas de rien, mais on va par exemple devoir faire des efforts en termes de cyberdéfense. Certains de nos compétiteurs développent également des armes nouvelles bi ou trisonique (deux ou trois fois la vitesse du son, Ndlr) face auxquelles nous sommes plus vulnérables. Il va falloir répondre à ces nouvelles menaces. Il faudra être au rendez-vous en .
Ne craignez-vous pas que les crédits alloués aux Armées soient revus à la baisse du fait des dépenses imprévues liées à la crise sanitaire ?
Pendant les deux années que j’ai passées auprès de la ministre des Armées en tant que chef de son cabinet militaire, j’ai pu constater l’engagement de Florence Parly qui a défendu avec courage et pugnacité le budget des Armées. On vient de connaître trois années assez inédites où la loi de programmation militaire a été respectée en qualité, en quantité et en temps, ce qui marque à mon sens une volonté au sommet de l’État de poursuivre le renouvellement des Armées.
Un mot sur l’incendie du sous-marin Perle. Avez-vous pris une décision ?
Le travail d’expertise touche à sa fin. Les options pour le devenir du bateau seront présentées à la ministre des Armées courant octobre. À partir de là, la décision de refaire naviguer le sous-marin ou pas sera prise très rapidement car la Perle ne peut occuper trop longtemps le bassin dans lequel s’est produit l’incendie.