Grossesse inversée
L’histoire
Ça lui prend d’un coup à ans : Frédéric (Jonathan Cohen) veut un bébé, Claire (Marina Foïs) elle n’en a jamais voulu et ils étaient bien d’accord là-dessus. Il commet l’impardonnable et lui fait un enfant dans le dos…
Notre avis
Résolument féministe, Énorme dénonce une certaine forme de machisme, celle des hommes qui parlent à la place de leur femme, pensent pour elles et ne réalisent pas que leur corps leur appartient. Tel est le point de départ du nouveau long-métrage de Sophie Letourneur qui, pour appuyer son propos, adopte le point de vue masculin en soulevant un problème épineux : jusqu’où un homme peut-il aller pour satisfaire son besoin de paternité ? Où se situent les limites ? Pour répondre à ces questions, la réalisatrice fait vivre, au sens propre, la grossesse au mâle dominant. Les angoisses, la prise de poids, les rendez-vous médicaux… Et pendant ce temps l’épouse fait un déni. Intéressant… sur le papier. Transposé sur grand écran, le résultat déçoit… Pire, à aucun moment le film trouve sa voie ou même son ton. Tantôt Sophie Letourneur se tourne vers la comédie à travers les situations vécues par Frédéric – Jonathan Cohen étale une nouvelle fois sa gouaille et sa tchatche –, tantôt vers une tonalité plus dramatique par son sujet et la déprime de sa moitié, Marina Fois. Le faux rythme imposé, avec une séance d’accouchement étalée sur près d’une vingtaine de minutes en guise de conclusion, ennuie. La photographie qui privilégie les couleurs cafardeuses n’est guère engageante… d’autant plus que le milieu professionnel dans lequel évoluent les personnages : lui agent, elle grande artiste musicale, est censé baigner dans le glamour.