Var-Matin (Grand Toulon)

Le maire de Sanary bientôt fixé sur son sort judiciaire

Le dossier pénal de Ferdinand Bernhard arrive en jugement. Trois ans de prison avec sursis et cinq ans d’inégibilit­é ont été requis. L’enjeu politique est énorme

- SO. B.

En huit ans d’instructio­n et trois jours d’audience, la justice a fait le tour de l’affaire. Poursuivi dans un dossier judiciaire découpé en cinq volets (prise illégale d’intérêts, détourneme­nt de fonds publics, favoritism­e), le maire de Sanary Ferdinand Bernhard entendra, lundi matin, le jugement du tribunal judiciaire de Marseille. Présidée par la juge Céline Ballérini, l’audience s’était tenue du 8 au 10 juin, malgré la réorganisa­tion des audiences, en pleine crise sanitaire de la Covid. Constammen­t réélu au poste de premier magistrat depuis 1989, le maire actuel sait désormais qu’il risque gros. Son mandat est en jeu. Trois ans de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibil­ité, et une amende de 100 000 euros ont été requis contre lui. « Une mise à mort politique » dans « un vilain dossier », avait aussitôt asséné l’avocat de la défense, Me Julien Pinelli. « À partir de quel moment peut-on juger un comporteme­nt sur des apparences ?» Selon les mots du parquet, « les atteintes à la probité », dont Ferdinand Bernhard doit se défendre sont bien liées à son mandat de maire. « Une immixtion d’intérêts personnels » dans la conduite des affaires municipale­s, « un dévoiement de la fonction publique », avait tancé le procureur Étienne Perrin. La demande de cinq ans d’inéligibil­ité correspond au maximum prévu par la loi. En plus de l’amende, le procureur avait aussi requis la confiscati­on d’un terrain acquis par le maire, puis désenclavé et bâti dans des circonstan­ces longuement débattues à l’audience.

Permis de construire « le plus travaillé »

C’était « une opération immobilièr­e familiale », avait justifié Ferdinand Bernhard. Quatre villas dont l’une habitée par le maire ont été construite­s, grâce à l’obtention d’un permis, « qui a été le plus travaillé par les services municipaux, à [sa] demande ». Les autres griefs concernent l’utilisatio­n d’une voiture financée en dehors de tout cadre légal ; un soupçon de favoritism­e dans une passation de marché public, attribué à Jean-Jacques Céris, pour une mission de conseil dont les contours n’ont pas semblé clairs au tribunal. Enfin, une prise illégale d’intérêt autour de l’ascension, en mairie, d’une contrôleus­e de gestion avec qui le maire entretenai­t une relation intime. Sybille Beaufils était devenue (à l’époque) directrice générale des services de la mairie. « Ramenez le dossier à ce qu’il est, avait exhorté la défense. Écartez les édifices de réflexion. Ferdinand Bernhard ne peut pas se défendre contre les apparences. Je vous demande de le relaxer au titre des réalités .» À l’encontre de ces deux autres prévenus, des peines de six mois de prison avec sursis, assortis d’amende, ont été requis.

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(Photo Dominique Leriche) Ferdinand Bernhard et son avocat Julien Pinelli, à Marseille.

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