LA PATTE NARKISIAN
L’architecte varois, décédé en 1998, a laissé son empreinte aussi bien à travers des immeubles de logements que des équipements publics et des villas.
Jean-Georges Narkisian, c’est un style à la fois moderne et lyrique. Il s’est beaucoup intéressé aux nouveaux matériaux comme l’acier ou l’aluminium, aux structures affirmées et épurées. »
Pascale Bartoli, architecte varoise, s’est penchée sur l’oeuvre de son confrère lors de sa thèse, il y a plusieurs années. Elle dresse le portrait d’un homme prolifique, dédié à son métier. C’était aussi un architecte inventif, moteur. « Souvent, il n’attendait pas qu’on lui passe commande pour imaginer des projets. » Un leader. Un imaginatif. Un passionné qui a su savamment mélanger architecture et urbanisme. Le bâtiment au service de l’ensemble.
Archi urbain
Nakisian naît en 1922. Il est le fils d’un réfugié arménien installé à Marseille. Il suit un parcours relativement classique lorsque l’on veut devenir architecte à l’époque. Il fait les Beaux-Arts à Marseille puis à Paris. Après plusieurs expériences dans des cabinets parisiens, il s’installe dans le Var, à Saint-Raphaël plus précisément. Il n’y restera pas longtemps. Un de ses amis lors de sa période étudiante, le convainc de venir s’associer avec lui à Toulon. Cet ami, c’est Alfred Henry, l’architecte qui par la suite réalisera la piscine du port marchand et la tour de la caisse d’Épargne sur la place de La Liberté entre autres. « C’est une période où il y a beaucoup de travail. On est en pleine reconstruction de la ville, détaille Pascale Bartoli. Ensemble, ils vont travailler sur plusieurs projets avant de se séparer en 1954. »
Jean-Georges Narkisian installe son propre cabinet dans un des immeubles qu’il vient de construire. Il s’agit du Lazare Carnot, rue Lazare-Carnot à Toulon. Le bâtiment – toujours visible aujourd’hui – se distingue notamment par sa magnifique rotonde à l’angle sud. Un cadre symbolique donc pour asseoir son activité qui est beaucoup tournée vers le logement en cadre urbain. On lui doit notamment une partie du quartier de la Coupiane à La Valette-du-Var dans les années soixante. Mais aussi plusieurs immeubles à Toulon comme le Guynemer ou à Carqueiranne (Le Carthage)… « Il a aussi beaucoup travaillé sur la commune de Saint-Mandrier, il avait de très bonnes relations avec le maire de l’époque. » Narkisian donne aussi dans les équipements publics comme des écoles et des collèges à Toulon ou La Valette. Il signe par exemple le collège Don Bosco. Il y ajoute une touche artistique en y installant sa main sculptée par l’artiste César.
L’art au coeur
César est un de ses amis d’enfance. Grâce à cette relation et sans doute aussi à son parcours d’études, Narkisian a une grande sensibilité artistique. « Il considère l’artiste comme une émulation. Il aime lier son architecture à l’art. » Pascale Bartoli appuie ses propos en racontant l’ensemble de sculptures que le professionnel a réalisé lui-même au cimetière italien de la guerre de 14-18 à Saint-Mandrier. Les villas ne sont pas pour autant absentes de son quotidien. Il en a fait quelquesunes à Carqueiranne mais aussi à Saint-Paul de Vence où il s’est attelé à la propriété de Paul-Émile Victor.
Et puis il y a aussi tous les projets étonnamment novateurs pour l’époque qui n’ont jamais vu le jour. Comme une marina aux Sablettes (voir page suivante) ou encore le réaménagement du quartier des Lices à Toulon. Il envisageait une couverture partielle de la voie ferrée avec des équipements publics, des commerces, du parking et du logement.