« La coopérative, c’est un esprit, une entraide »
Après un travail dans le marketing, Michael Simonnot s’est lancé dans l’exploitation de la vigne. Coopérateur de la cave londaise, il enchaîne cette année ses huitièmes vendanges
Elles sont désormais loin derrière lui ses années dans le marketing au sein de l’entreprise familiale à La Ciotat et ses interrogations sur son travail et son utilité… Depuis 2013, c’est dans la vallée vigneronne des Borrels que Michaël Simonnot a trouvé un nouveau rapport à son environnement. Fin août, dans une plaine écrasée par un intraitable soleil, il a débuté ses huitièmes vendanges depuis sa reconversion professionnelle, Brevet professionnel responsable d’exploitation agricole (BPREA) au lycée Agricampus en poche. « Je n’ai aucun regret. Je n’ai pas l’impression de travailler même si on bosse du lundi au dimanche. Je prends toujours du plaisir, il n’y a aucune lassitude », confie spontanément le coopérateur et administrateur de la Cave des vignerons londais. Âgé de 39 ans, c’est à l’approche de la trentaine que le Cannois de naissance a souhaité se rapprocher de la terre, du travail au grand air… comme d’autres. « Nous sommes plusieurs de notre génération dans la vallée à avoir quitté nos boulots pour se rapprocher de la nature ».
Des vignes de -
Neuf hectares en 2013, ce sont désormais 16 ha de vignes en AOC Côte de Provence qu’il exploite en fermage entre les « plaines des Borrels » et à quelques centaines de mètres de là sur La Londe. « J’ai récupéré des vignes au fur et à mesure de départs en retraite de coopérateurs, mais à la condition que cela reste à la cave de La Londe » , raconte-t-il précisant qu’il n’envisage plus d’accroître ce qu’il appelle « un jardin ». Un jardin dont les cépages ont pour nom grenache, cinsault, syrah, rolle… Les pieds de tibouren, par exemple, ont été plantés au printemps 87. « Les plus vieilles vignes datent de 1965-1966.
L’an dernier, j’ai arraché une parcelle de 1946. Si le travail est bien fait, c’est la génération suivante qui l’arrache. La vigne à une histoire. C’est cela qui m’intéresse, la transmission », dévoile Michaël Simonnot. Lors de notre rencontre aux Borrels, le viticulteur et huit saisonniers vendangeaient à la main une parcelle de tibouren. La taille en gobelet de ces ceps de vigne ne se prête pas à une récolte mécanique du raisin. C’est le cas de 5 des 16 ha de son exploitation. La taille en gobelet est reconnaissable avec le tronc du cep de vigne, quatre charpentes ou bras qui le surmontent, quatre porteurs et huit yeux qui donneront les rameaux du printemps et… au total seize grappes… « les bonnes années. C’en est une », souffle-t-il. Elle se caractérise aussi par l’absence de palissage. Sécateur en main, seau à proximité, qu’ils soient saisonniers, en vacances ou retraités, chaque vendangeur oeuvre dans un rang, ce qui permet de respecter les recommandations de distanciation physique en cette période troublée. Le port du masque n’est pas obligatoire et difficile à supporter en plein cagnard. « On est bouillis par la chaleur. C’est le plus dur », confie, accroupi, un vendangeur… Commencée dès 7 heures, la récolte manuelle se poursuit jusqu’à 12 h 30 et les remorques se remplissent à vue d’oeil. Environ 4,5 tonnes de raisins seront acheminées à la Cave des Vignerons Londais, le dernier voyage avant sa fermeture à 13 heures. Sur place, le raisin y sera pressé avec celui des autres coopérateurs pour une production en très grande majorité consacrée au rosé. « Si je n’avais pas les moyens d’avoir mon domaine, c’était ma volonté de rentrer dans une coopérative. C’est un esprit, une entraide agricole, un esprit village », dit-il.
Reconversion en bio
Depuis quatre ans, une cuvée de 3 000 bouteilles de rosé porte le nom du vigneron : le Domaine Simonnot (en AOP Côtes de Provence). « On ne peut le faire qu’en mécanique car il faut récolter en une matinée 15 -20 tonnes pour les apporter au pressoir. On veut aller le plus vite possible à la cave pour éviter l’oxydation et la chaleur. Sur les parcelles de la Londe, nous vendangeons différents cépages (grenache,