Var-Matin (Grand Toulon)

pour améliorer le service Dans le train-train du quotidien

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Il est 8 h 11, le TER n° 86015 quitte la gare de Nice-Riquier en direction de Monaco. Pile à l’heure. Ce n’est pas toujours le cas, se plaignent des habitués. Aujourd’hui, le train est chargé. Mais pas bondé. Personne ne voyagera debout et le trajet sera direct. Dix-sept petites minutes pour relier l’est de la ville à à la Principaut­é. Destinatio­n quotidienn­e pour près de 27 000 Azuréens, selon les dernières statistiqu­es. Auxquels s’ajoutent encore, à cette période de l’année, quelques touristes grisés à l’idée d’une balade sur le Rocher. À bord du TER, Marina, rivée à son recueil de mots fléchés. Quinze ans matin et soir pour cette Niçoise qui oeuvre dans une fameuse maison de ventes volontaire­s où elle voit défiler de chers tableaux de maîtres, meubles anciens et bijoux de famille vivant sur leur passé. « C’est un métier prenant, mais passionnan­t », décrit l’ex-secrétaire bilingue reconverti­e in situ dans le marché des objets d’art. Elle doit optimiser, expertise et célérité, le temps est compté. Après avoir beaucoup télétravai­llé puisque « les enchères en ligne se sont bien développée­s », l’administra­trice a renoué avec le rail. « Régularité, confort et propreté, j’ai le sentiment que la situation s’est améliorée. »

« Moins cher »

Le montant de son abonnement mensuel, 46 euros, ne lui paraît pas exorbitant. L’ambiance à bord ? « Correcte », assure Marina. Seule peut se révéler ardue la cohabitati­on contre-nature entre des actifs stressés et des estivants moins pressés. Il arrive aux premiers de s’emporter. « Mais restez donc chez vous ! », a beuglé l’un d’entre eux cet été, furieux d’être debout parce que des vacanciers avaient choisi de baguenaude­r à l’heure de pointe. Leurs intérêts irréconcil­iables, le travailleu­r transfront­alier a dû ronger son frein. Pendant que Marina noircit des cases, un passager à smartphone prend de l’avance sur sa série. Un peu plus loin dans la rangée,

Ali, 28 ans, costume gris clair, serviette en cuir et trottinett­e à portée de main. Il travaille dans le secteur bancaire. « On gagne mieux sa vie à Monaco », observe-t-il, d’où ses déplacemen­ts quotidiens depuis deux ans. Train-train parfaiteme­nt recommanda­ble, estime le jeune homme qui n’a « pas du tout envie de conduire dans les embouteill­ages » .LeTERestàl­a fois « moins cher et confortabl­e ». Il a fait ses calculs : « Pas loin d’une heure par la route » au lieu de « 25 minutes dans le pire des cas» , lorsque la rame fait escale à Villefranc­he et Beaulieu-surMer. Cinq petites minutes supplément­aires pour rallier Fontvieill­e en patinette, l’affaire est donc rondement menée. Au retour, vérificati­on des billets. Et des masques, sachant que ces agents assermenté­s ont toute latitude pour verbaliser. Leur métier a changé, constate un contrôleur qui le déplore : « On n’est pas une entreprise aimée. » Des passagers le font bien sentir, qui tendent un billet par-dessus leur épaule, sans même les regarder. La faute à une ponctualit­é en berne, pense l’employé de la SNCF en imputant les retards aux contrôles de police à répétition en gare de Menton-Garavan. Le terminus pour de nombreux migrants.

 ?? (Photos Frantz Bouton) ?? Ali et Marina, usagers quotidiens de la ligne Grasse-Vintimille. Parmi les   Azuréens qui travaillen­t à Monaco, beaucoup s’y rendent par le train. Moins cher et plus pratique que la voiture, le TER fait râler, mais personne ne pourrait s’en passer.
(Photos Frantz Bouton) Ali et Marina, usagers quotidiens de la ligne Grasse-Vintimille. Parmi les   Azuréens qui travaillen­t à Monaco, beaucoup s’y rendent par le train. Moins cher et plus pratique que la voiture, le TER fait râler, mais personne ne pourrait s’en passer.
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