Castex le vadrouilleur
Depuis deux mois déjà, Jean Castex tient les rênes de Matignon et un premier bilan s’impose en cette rentrée. Nul doute qu’Emmanuel Macron soit satisfait de lui : contrairement à Édouard Philippe qui s’envolait dans les sondages avant d’être écarté – alors que le chef de l’État, de son côté, s’enlisait –, le nouveau chef du gouvernement ne le concurrence pas dans l’opinion. Tandis que le Président connaît un petit regain dans les sondages avec une cote de confiance de % (mais % de défiance !), le Premier ministre ne convainc
dans la baromètre Sofres-Figaro Magazine, publié le septembre, que % des Français. Un score modeste sans être dramatique, car % seulement se défient de lui, et % ne se prononcent pas. À leurs débuts, Édouard Philippe, Manuel Valls et bien d’autres firent cependant mieux, voire beaucoup mieux. Pour affronter des temps qui seront difficiles, ce socle n’est pas des plus solides pour le nouvel occupant de Matignon. Inconnu ou presque lors de sa nomination le juillet dernier, Jean Castex s’est pourtant donné du mal durant l’été pour se faire connaître et convaincre. Il a beaucoup voyagé à travers le pays et joué de son accent pour cultiver son authenticité.
Castex le vadrouilleur a donc encore beaucoup à faire pour ne pas se retrouver tout simplement impopulaire. Une telle situation ne faciliterait pas sa difficile tâche, à la fois pour redresser le pays et faire face à une épidémie qui ne désarme pas. S’il ne parvenait pas à gagner la confiance des Français, il ne servirait pas non plus de bouclier pour le Président qui, sans le dire, met le cap sur le scrutin élyséen de et vise un deuxième mandat dans une nouvelle confrontation avec Marine Le Pen. Il est vrai qu’il est délicat de faire ses preuves en deux mois. Mais le Premier ministre aurait pu marquer des points sur le terrain sanitaire. On ne peut pas dire pourtant que la rentrée lui permette de pavoiser : le gouvernement a donné surtout le sentiment d’hésiter sur les mesures à prendre. Par ailleurs, il se trouve confronté à des bisbilles au sein du gouvernement entre son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et son garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, sur la montée des violences. Son autorité risque d’en être affectée. Sorti de nulle part, ou presque, il lui faut enfin s’imposer comme chef de la majorité. Il entend l’être, encore faut-il qu’il y parvienne. Le voici donc lancé dans une tournée des popotes parlementaires. « Agir » vendredi dernier, le Modem aujourd’hui, « La République en marche » le : il visite « ses députés » pour devenir leur chef. Un travail d’autant plus délicat que la tutelle présidentielle est plus étroite que celle qu’a connue son prédécesseur. Ainsi n’a-t-il pas pu choisir son directeur de cabinet, contrairement à Édouard Philippe. Un fait qui n’est pas anodin : il souligne sa soumission.