Var-Matin (Grand Toulon)

Sandrine Alexi

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Elle ne peut pas s’en empêcher. D’entendre des voix. De les imiter. Une Jeanne d’Arc de l’humour, qui se joue bien du bûcher des vanités. L’imitation dans les gènes. La dérision en ADN. Dans son fief familial de Villeneuve-Loubet, au fil de notre discussion, le timbre se transforme soudain, et elle se métamorpho­se. Ce n’est plus Sandrine Alexi, mais Jane Birkin, Roselyne Bachelot, ou encore Carla Bruni ! Même sans les regrettées marionnett­es de Canal +, toujours à faire les guignols ! Femme caméléon, qui trouve immédiatem­ent les mimiques et le bon ton. Chaque été, cette native d’Antibes passe des vacances dans la jolie bastide de son adolescenc­e. Mais sa voix aussi, polymorphe et « timbrée », est réminiscen­ce de l’enfance. « L’imitation a toujours été mon jeu d’enfant. J’adorais chanter, mais en imitant. Je reprenais Sylvie Vartan comme Sylvie Vartan, France Gall comme France Gall… » Son père « biologique » était un DJ en vogue à Juan-les-Pins, qui s’est produit dans toutes les boîtes à la mode, du Voom-Voom au Whisky à gogo. Alors Sandrine avait déjà le rythme dans la peau, presque dans le (blouson) cuir. Avec un premier groupe pop rock, dénommé Lyr. « Mes influences, c’était Pat Benatar, Kate Bush, avec lesquelles j’ai écumé les orchestres de bal dans la région. » Sandrine suit aussi son « second père », de la pharmacie rue Alexandre-Mari dans le VieuxNice à l’hôtel-restaurant Chez nous (aujourd’hui Bar de la marine )au Cros de Cagnes. Jusqu’à Villeneuve, lorsque ce paternel adoptif devient juré à l’hippodrome. « J’ai tous mes souvenirs d’adolescenc­e sur la Côte d’Azur et entre un père niçois et une mère cannoise, quand je reviens, je reprends l’accent ! » Son second combo prend nom des Anonymous, mais son leader ne va pas le rester longtemps. Des chansons, certes, mais toujours ce don d’imitation, qui épinglait déjà les profs à son tableau de chasse. À La Madonette de Nice, le patron consent à une audition, alors qu’elle a vingt-quatre ans, et se fond aussi bien dans Vanessa Paradis que Sylvie Vartan : «Ilm’a dit : “Je n’ai pas d’imitatrice, je te donne deux mois pour faire un numéro”. Et j’y suis restée deux ans ! » À force de singer des people, Sandrine en attire l’attention. Son premier « parrain » ? Patrick Sébastien, qui la repère en son repaire pour l’exposer à Sébastien c’est fou. Puis Yves Lecoq, son compère des Guignols de l’info. Vingt-huit ans d’imitations tout feu toutes femmes (Roselyne Bachelot, Marine Le Pen, Mireille Dumas, Morano la fêtarde ou Cécile Duflot l’ado connectée) pour une grande aventure de télévision.

Une grande liberté d’expression

« Les auteurs nous donnaient les textes à 17 heures pour qu’on soit prêts pour 20 heures, ça nous donnait un peu de temps pour trouver le ton. » Sauf accident ! « Un jour, je suis tombé en panne, et suis arrivée sur le plateau au dernier moment avec le dépanneur. Mais je n’ai pas eu le temps d’avoir peur. Et comme je devais faire Nadine Morano, pleine d’énergie, j’ai défoulé mon stress sur elle!» Personnage­s en latex, auteurs à

J’ai tous mes souvenirs d’adolescent­e sur la Côte”

textes et un JT qui supplante parfois les autres grandes messes. Avec toujours ce petit truc, qui mène à la caricature. « Certaines personnali­tés râlaient d’avoir leur marionnett­e aux Guignols, mais ceux qui ne l’avaient pas en étaient jaloux, car c’était une vraie reconnaiss­ance de leur notoriété. » Avec les imitateurs en coulisses pour autres marionnett­es du système Canal ? « Les stars des Guignols, ce n’étaient pas les imitateurs, mais bien les marionnett­es, et je n’en ai ressenti aucune frustratio­n. Je suis très fière d’avoir été choisie pour incarner tous ces people pendant aussi longtemps, avec autant de succès. On avait une grande liberté d’expression et on se marrait tout le temps », se réjouit encore l’intéressée, moins enthousias­te sur la suite des événements. « J’ai eu un deuil à faire et on ne sait même pas ce que sont devenues les marionnett­es. C’étaient nos doudous à nous et, au nom du patrimoine français, ce serait bien qu’elles aient leur musée, qu’on puisse les voir et les toucher. » Sandrine, elle, n’est pas près d’être remisée. Engagée dans l’associatio­n Sourire et partage pour les enfants malades, elle ne manque pas de leur redonner un peu la banane. Prête sa diction à l’autodescri­ption pour des émissions TV accessible­s aux malvoyants. Mais l’interprète des Minikeums sur France 2 (Zaza, Vanessa, Diva, et même le Koala !) trouve toujours qui (Blanche Gardin, Chantal Ladesou, Brigitte Macron) et quoi pour redonner de la voix.

J’ai dû faire le deuil des Guignols…”

Une date dans le Sud

La voilà qui prépare son nouveau spectacle, façon rire et chansons. Après un premier rodage fin décembre, le show doit être joué à Paris début janvier, puis partir en tournée « avec forcément une date dans le Sud». Sandrine Alexi flingue l’actu avec les reprises de vieilles partitions, où elle se gausse de l’informatio­n. Use de ses cordes asymétriqu­es en musique, pourvu que ce soit comique. L’imitation dans le sang, la parodie dans le son. « Être dans l’humour au quotidien permet d’avoir du détachemen­t dans les moments difficiles, c’est une force ! » Que la farce soit avec elle…

Être dans l’humour au quotidien, c’est une force !”

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