Var-Matin (Grand Toulon)

Ary Abittan « Le rôle m’a bouleversé »

Dans Apprendre à t’aimer pour M6, Ary Abittan prend les traits de Franck qui découvre à la naissance de son premier enfant qu’il est porteur de trisomie 21.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MATHIEU FAURE mfaure@nicematin.fr

Pas évident de passer de trublion à rôle dramatique. Et pourtant Ary Abittan réussit ce passage avec l’authentici­té qui le caractéris­e dans Apprendre à t’aimer, de la réalisatri­ce varoise Stéphanie Pillonca, diffusé ce soir sur M6 en prime time. L’acteur populaire, qui fait également travailler nos zygomatiqu­es dans tout ce qu’il touche, campe Franck, un père de famille qui découvre lors de l’accoucheme­nt de sa femme que sa première fille est atteinte de trisomie 21. Un film bouleversa­nt, humain et porteur d’un message de tolérance dans lequel Ary Abittan brille dans un genre nouveau.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans le rôle de Franck ?

Il est venu à moi puisque Stéphanie Pillonca, la réalisatri­ce, est venue voir mon spectacle. Donc, pendant une heure et demie, elle se marre et, à la fin, elle me propose un rôle dramatique. (rires) Elle n’avait rien écrit mais elle voulait que je sois le rôle principal. Six mois plus tard, j’ai reçu le scénario et j’ai été bouleversé par cette histoire.

Comment avez-vous préparé ce rôle ?

J’avais une cousine porteuse de trisomie quand j’étais plus jeune. Elle est partie trop tôt, hélas, comme beaucoup de personnes atteintes de trisomie. J’avais donc une petite connaissan­ce du handicap. Et puis j’avais envie de faire plaisir à Stéphanie, de défendre ce sujet très important aussi, d’essayer de faire changer les mentalités, de faire évoluer le regard des gens.

C’est un rôle à contre-emploi...

Oui, car je suis plutôt catalogué comme un acteur comique mais dans “acteur comique” il y a aussi acteur. J’avais tout simplement envie de jouer. Le fait qu’un acteur habitué à faire des comédies s’empare d’un sujet sociétal aussi important, peut-être que ça va attiser la curiosité du public, c’est le but aussi. Que ce soit pour Qu’estce qu’on a fait au Bon Dieu ou Apprendre à t’aimer, je joue de la même manière, avec la même authentici­té.

Est-ce que ce rôle a changé quelque chose dans votre vie personnell­e ?

Je suis papa de trois petites filles alors ça vous ébranle forcément. On a tous peur avant d’être parent d’être confronté au handicap de notre enfant. Mais avec ce rôle, j’ai surtout compris que ces enfants avaient besoin d’être aimés. Ce sont des petites boules d’amour, des enfants magiques.

Comment s’est déroulé le tournage et notamment votre rencontre avec Naomi, la petite qui joue votre fille ?

Avant le début du tournage, elle ne venait pas du tout vers moi. J’avais rencontré ses parents mais il y avait encore du recul et puis, lors de la première scène, elle a ouvert ses bras pour venir vers moi. Pour elle, ça voulait dire : “Ne t’inquiète pas, tout va très bien se passer” .Ça rassure et bouleverse qu’une petite fille me donne sa confiance ainsi. Ensuite, ça s’est fait simplement. On a tourné avec plusieurs enfants atteints de trisomie mais aussi des adultes. Tout s’est fait vraiment simplement. Durant le tournage, dès que Naomi demandait quelque chose, je me mettais à hurler : “Donnez-lui tout ce qu’elle veut” (rires).

Je me suis rendu compte qu’ils ont conscience du regard que l’on peut avoir sur eux. Au fond, ils veulent simplement se montrer tels qu’ils sont. Ce n’est pas un film militant mais plutôt profondéme­nt humain. Ils ont simplement envie d’être intégrés dans la société.

Avez-vous rencontré les parents de Naomi avant le tournage ?

Ce n’est pas un film militant mais plutôt profondéme­nt humain”

Oui, je voulais échanger avec eux. Parler. Comprendre comment on fait face à tout cela. Comme dans le téléfilm, ils ont découvert le handicap de leur fille au moment de la naissance. Et pour une famille, ça peut être terrible. Soit ça explose, soit les liens se renforcent ou parfois l’un des deux parents, souvent le père, fuit. J’ai tellement d’admiration pour eux, pour l’amour qu’ils donnent à Naomi.

Il existe une vraie différence dans l’acceptatio­n d’un enfant atteint de trisomie entre le père et la mère ?

La mère a neuf mois d’avance. Le père apprend au jour le jour à partir de la naissance et, parfois, la première réaction envisagée est la fuite...

Apprendre à t’aimer. Ce soir, à 20 h 45, sur M6

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