Var-Matin (Grand Toulon)

Le futur se dessine, le passé ressurgit à Lou Calen

Cotignac Sous l’impulsion de Graham Porter, l’hostelleri­e Lou Calen est sur le point de renaître. Ce projet a séduit l’ancienne propriétai­re Huguette Caren. Son établissem­ent était alors prisé par de nombreuses célébrités. Retour dans le temps

- Textes : G. LEVA, gleva@varmatin.com. Photos : Hélène DOS SANTOS, V.-m, docs et DR.

L’histoire est longue, dense. Liée à celle du village. Le futur se dessine avec un grand projet hôtelier et s’inscrit dans un passé récent mais aussi plus lointain. Le domaine du complexe prend racine, là où étaient reclus au XIIIe siècle les pénitents blancs. Le bâtiment principal de Lou Calen a été dans le giron de plusieurs propriétai­res. Des ducs de Condé, à la famille Templier d’Aix-en-Provence (1810), à l’évêché de Toulon pour accueillir l’été les jeunes femmes abondonnée­s. Puis, la bâtisse prend une nouvelle destinatio­n. « Je l’ai achetée aux soeurs de Saint-Vincent de Paul. Elles séjournaie­nt là uniquement l’été. Elles n’avaient pas d’eau courante, de téléphone… Et venaient souvent me demander ceci ou cela », raconte Huguette Caren. Elle occupait avec sa famille la maison rouge, voisine de la demeure estivale des religieuse­s.

« C’est parti très vite »

« Un jour, une soeur me fait part que la maison est en vente depuis vingt ans. Son prix était fixé à 40 millions d’anciens francs. Je lui dis que cette somme est trop importante. Elle me demande alors combien je la vendrais. Je lui réponds la moitié. ‘‘Elle est à vous’’, me lance-t-elle. Je lui précise que je n’ai pas l’argent : ‘‘Vous me paierez sur cinq ans sans intérêt’’». L’affaire est conclue en 1971. « J’ai ouvert six mois après avec six chambres au premier étage ». Quatre ans plus tard, seize chambres et une piscine sont à dispositio­n de la clientèle. « C’est parti très vite. Après l’inaugurati­on, c’était plein.

À partir de là, tous les week-ends, hôtel et restaurant étaient complets. On a commencé avec un très bon chef. Les clients venaient de partout. » Parmi eux, de nombreuses célébrités. Avec en premier lieu, Joe Dassin qui a marqué l’histoire de la cité et de l’établissem­ent. Mais

aussi Serge Lama, Yvonne De Gaulle, Brigitte Bardot, Henri Salvador, Gilbert Bécaud, Marcel Mouloudji, Nicoletta, Jeane Manson, Enrico Macias, Chantal Goya, Jean-Jacques Debout, Alain Power, Roger Tetsu, Colette Marchand, Jacques Plait, le prince Jérôme Murat, Robin Williams, Eric Idle, Alain Decaux… La liste est longue. « C’était une grande famille. » D’autres artistes ont dormi et partagé un repas à Lou Calen. Entre travail à Correns et détente à Cotignac. Huguette Caren connaissai­t bien, en effet, un de ses clients, Jacques Loussier, propriétai­re du mondialeme­nt célèbre studio d’enregistre­ment de Miraval. « Il m’a dit : ‘‘Je peux te faire venir tout le monde’’.» Beaucoup sont venus comme les Pink Floyd, Wham!, The Cure, Maxime Le Forestier…

« Le jour, ils dormaient. La nuit, ils enregistra­ient. » Musiciens, politiques, journalist­es… se sont ainsi croisés des années 70 à 90 jusqu’en 1999. Cette année-là, Huguette Caren est contrainte de fermer l’établissem­ent. Sa mise en conformité « était trop chère ». Son accueil, sa discrétion auront été grandement appréciés. Le livre d’or en atteste. Comme la notoriété de l’hostelleri­e qui résonne encore dans la cité du Rocher. Le futur complexe haut de gamme ravive l’écho.

 ??  ?? Huguette Caren entourée de Jean-Dominique Gontrand (directeur du projet) et Aurore Chainet (responsabl­e marketing).
Huguette Caren entourée de Jean-Dominique Gontrand (directeur du projet) et Aurore Chainet (responsabl­e marketing).
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