Attention, ça va piquer devant
Pour valider son ticket pour la finale de la « petite » coupe d’Europe, le RCT va devoir passer l’obstacle de Leicester. Une équipe anglaise qui mise elle aussi beaucoup sur ses avants
Le rugby traîne ses poncifs. Qui n’a jamais entendu « pas de mêlée, pas de victoire » (ou son équivalent anglais no scrum, no win) ou encore « le rugby ça commence devant » ? Bon, pour la demi-finale de Challenge Cup, demain à Mayol face à Leicester, on ne vous cache pas que les clichés vont vivre une belle soirée. Car Toulonnais comme Anglais vont vouloir gagner le match devant. Encore plus que d’habitude.
« Une culture basée sur le jeu d’avant »
« Leicester, c’est une équipe qui ressemble beaucoup à Toulon », pose Patrice Collazo. L’ancien pilier a évolué durant trois saisons dans le championnat anglais, du côté de Gloucester. Il parle en connaissance de cause quand il présente les Tigers. « Ils ont une forte identité. Une culture basée sur le jeu d’avant. En Angleterre, ils sont considérés comme une équipe un peu “old school”. Ils ont une tradition de joueurs rudes, toujours avec un gros paquet d’avants. Un peu comme Toulon. Ce sont des clubs assez similaires. » Lors de son match référence, cette saison, face au Lou, le RCT a lui aussi montré qu’il était fidèle à sa réputation, en inscrivant trois essais de pénalité. Ce qui avait fait dire à Sergio Parisse : « On travaille beaucoup dans la semaine sur les ballons portés car c’est l’ADN de ce club d’être dominateur devant. » Contre les Scarlets la semaine dernière, c’est aussi devant que les héritiers des guerriers de Mayol sont allés chercher la victoire en défendant parfaitement sur deux pénaltouches dans les 5 m dans les ultimes minutes du quart de finale. « C’était un moment chaud du match, et on n’a pas lâché. Ça montre l’état d’esprit de cette équipe. On compte sur ça pour franchir les étapes et atteindre nos objectifs. Cette solidarité va être primordiale », estime le troisième ligne Charles Ollivon. Histoire d’enfoncer un peu plus le message, Patrice Collazo a martelé : « Je mets toujours la pression sur les avants, mais là encore plus. » Si les gros font le travail, le RCT va devoir se montrer efficace dans les zones de marque, afin de ne pas avoir à trembler jusqu’au bout. Il faudra également composer avec les autres spécificités de l’armada anglaise menée par George Ford. « C’est une équipe qui monte vite en défense et coupe les extérieurs. Ils ont un bon jeu d’occupation au pied. Ils s’exposent peu et sont solides devant. Ça ferraille. Ils ont besoin de dominer physiquement, ensuite la charnière fait le reste. »
Gérer le jeu au pied d’occupation
Le manager du RCT compte sur la clairvoyance de ses troupes pour « faire le tri » dans les munitions que vont renvoyer les Anglais au pied. Une partie d’échecs pourrait se dessiner dans les premiers instants de la rencontre sur cet aspect. Enfin, si jamais les hommes de Patrice Collazo ont besoin d’une source de motivation supplémentaire, Leicester reste le club d’Andy Goode. L’ancien ouvreur anglais a porté les couleurs des Tigres de 1998 à 2002 et de 2003 à 2008. Retiré des terrains, il s’est pris un malin plaisir à tirer dans les pattes des Toulonnais ces dernières années. Pour un oui ou pour un non. Alors si en martyrisant ses héritiers, on pouvait lui permettre de rester un peu dans le silence, cela serait une victoire de plus.
Ce soir (20 h 45) l’autre demi-finale : Bristol - Bordeaux-Bègles