Var-Matin (Grand Toulon)

Ex-conjoint violent à Solliès : « J’ai la haine contre elle »

Un homme a été jugé à Toulon pour avoir menacé et frappé son ex-compagne en présence de leur fille à Solliès-Pont. Il a été condamné à une peine mixte

- ERIC MARMOTTANS

Le jeune homme fait profil bas devant les juges du tribunal correction­nel. Bien coiffé, bermuda bleu et polo rose, il assure que de son point de vue, les violences faites aux femmes sont inacceptab­les. « Mes actes ont dépassé mes pensées, pose-t-il. J’aurais souhaité qu’elle soit là pour lui présenter mes excuses de vive voix. » Ce mardi 15 septembre, la victime s’était réfugiée dans les locaux de la police municipale à Solliès-Pont. Les gendarmes de la brigade de La Farlède ont été alertés. La jeune femme présentait des traces de coups à la tête, des abrasions sur la peau, le légiste a aussi constaté qu’on lui a arraché des cheveux. À l’hôpital, les soignants ont décelé « une déviation de la cloison nasale ». Elle était persuadée d’avoir le nez cassé et l’a fait savoir à son ex-conjoint.

La violence des coups et des mots

« Je m’en bats les couilles de ton nez, c’est ton cerveau qui est cassé », a répondu l’agresseur dont les textos et deux courtes vidéos, versés dans la procédure, montrent un visage bien différent de ce que le prévenu donne à voir au tribunal. La dispute avait éclaté dans une voiture. Le prévenu et la victime accompagna­ient leur fille, âgée de deux ans, chez sa grand-mère. Lui indique que son ex, « hystérique »,a fait une crise de jalousie. « Elle m’a mis une paire de gifles juste avant de déclencher la vidéo, j’ai simplement réagi, je suis humain .» La vidéo (en fait deux enregistre­ments) en question témoigne des premiers coups portés à la jeune femme en pleurs. « Je m’arrête et je te défonce la gueule », lui a lancé l’homme au polo rose. À l’audience, il reconnaît avoir mis cette menace à exécution avec un coup de pied circulaire dans la tête. « C’est la première fois que c’est allé si loin », regrette-til. Aux gendarmes qui le conduisaie­nt en prison à la veille de son procès en comparutio­n immédiate, il avait déclaré : « J’ai la haine contre elle, et un jour, je vais lui faire quelque chose. » Des propos si inquiétant­s que les militaires les ont couchés sur procès-verbal.

La peur de représaill­es

Dans le même temps, la victime a assuré avoir subi des pressions de la part de l’entourage du père de sa fille. Un ami du prévenu l’aurait contacté. Elle a souhaité retirer sa plainte et a écrit pour justifier son absence au procès : « J’ai peur des conséquenc­es de la décision du tribunal, je ne me sens pas en sécurité .» La défense de l’homme au bermuda bleu a joué les « équilibris­tes » en plaidant les torts partagés. « Elle est encore amoureuse (cela ressort des déclaratio­ns de la victime, Ndlr), elle agit pour le retenir et elle est jalouse [au point d’en venir elle aussi aux mains]. Même la personne la plus calme ne peut garder son self contrôle dans tous les cas de figure… La victime reconnaît elle-même qu’il n’est pas dangereux .» Le prévenu a échappé au maintien en détention provisoire requis par le procureur. Le jeune entreprene­ur est condamné à six mois de prison (aménageabl­es) et six autres mois assortis d’un sursis probatoire. Pendant deux ans, l’agresseur devra suivre une thérapie et ne plus entrer en contact avec la victime. « Pour voir votre fille, vous devrez passer par un tiers de confiance », lui a fermement conseillé le président de l’audience.

 ?? (Photo doc Dominique Leriche) ?? Le tribunal n’a pas suivi les réquisitio­ns d’un maintien en détention.
(Photo doc Dominique Leriche) Le tribunal n’a pas suivi les réquisitio­ns d’un maintien en détention.

Newspapers in French

Newspapers from France