Charlie Hebdo : le principal suspect « assume » son attaque à Paris
Au lendemain de l’attaque au hachoir qui a fait deux blessés vendredi à Paris, le suspect, un Pakistanais de 18 ans, a reconnu qu’il visait l’hebdomadaire satirique. Neuf personnes en garde à vue
Le principal suspect, qui se présente comme né au Pakistan et âgé de 18 ans « assume son acte qu’il situe dans le contexte de la republication des caricatures (de Charlie Hebdo, ndlr) qu’il n’a
pas supportée », selon l’une des sources proches de l’enquête, précisant que le suspect pensait que les locaux visés étaient toujours ceux de l’hebdomadaire. Sa garde à vue, entamée vendredi à la mi-journée après son arrestation près de la place de la Bastille, a été prolongée de 24 heures, a indiqué, hier, une source judiciaire. Dans l’enquête ouverte par le parquet national antiterroriste (Pnat) pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et confiée à la brigade criminelle et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), la garde à vue peut durer jusqu’à 96 heures, voire 144 heures dans certains cas. Qualifié d’« auteur principal » par le procureur national antiterroriste, Jean-François Ricard, il est soupçonné de s’en être pris vendredi en fin de matinée à deux salariés, un homme et une femme, de l’agence de presse Premières Lignes, en pause cigarette devant leur immeuble situé au 10, rue Nicolas Appert (XIe arrondissement). Des employés de la société de production avaient déjà été les témoins impuissants de l’attaque de janvier 2015.
Déjà arrêté avec un tournevis
« Manifestement c’est un acte de terrorisme islamiste », a estimé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur France 2, déplorant
« une nouvelle attaque sanglante contre notre pays ».
Selon le ministre de l’Intérieur, le principal suspect avait déjà été arrêté en juin en possession d’une arme blanche, « un tournevis ». Il était arrivé en France encore mineur, il y a trois ans. Pris en charge par l’aide sociale à l’enfance dans le Val-d’Oise, il ne présentait « aucun signe de radicalisation » jusqu’à sa majorité, en août dernier, a assuré le conseil départemental. Peu après l’attaque, un Algérien de 33 ans a également été interpellé près des lieux et placé en garde à vue avant d’être relâché dans la soirée car « mis hors de cause », selon une source judiciaire. Son avocate, Me Lucie Simon, a évoqué
un « jeune homme héroïque qui a tenté d’arrêter l’assaillant ».
Deux domiciles présumés du principal suspect, présenté comme « itinérant », de sources concordantes, ont été perquisitionnés vendredi, un hôtel social situé à Cergy (Val-d’Oise) et un deux-pièces à Pantin (Seine-Saint-Denis) meublé de plusieurs lits superposés. Cinq hommes qui se trouvaient dans ce dernier domicile présumé ont été placés en garde à vue vendredi après-midi et un sixième vendredi dans la soirée, un « ancien colocataire » à Cergy. Deux nouvelles personnes ont été placées en garde à vue hier aprèsmidi : son frère, âgé de 16 ans, et une personne dans son environnement relationnel. Neuf personnes étaient toujours gardées à vue hier soir.
Une menace « sous évaluée »
Gérald Darmanin a reconnu que la menace contre la rue Nicolas Appert avait été « sous-évaluée » : il a précisé avoir demandé au Préfet de Police « pourquoi ». « Il y a eu un attentat, quand il y a eu un attentat, c’est que manifestement on aurait pu faire mieux », a ajouté le ministre de l’Intérieur, tout en précisant que la rédaction de Charlie Hebdo était partie depuis « quatre ans » et que la rue en question n’avait fait l’objet d’ «aucune menace » explicite.