NELLY NUSSBAUM nous@nicematin.fr
Dès l’arrivée sur le site, on ressent qu’il est chargé d’une très importante force tellurique , explique Charles-Antoine Cesari, propriétaire du lieu. Il appartient à ma famille depuis très longtemps et nous en sommes les gardiens attentifs et attentionnés. » D’autant plus que c’est bien le grand-père Cesari, prénommé également Charles-Antoine qui, en 1946, découvrit sous une végétation dense et luxuriante, les premières statues-menhirs de granite, couchées au pied de la butte de Filitosa ainsi que des vestiges de constructions très anciennes. Sur une butte voisine, du nom de Turrichju, il remarque aussi d’étranges vestiges. Charles-Antoine Cesari, sans le savoir, vient de réveiller un secret millénaire. Pourtant, dès 1839, Prosper Mérimée, Inspecteur des monuments historiques avait révélé que la Corse possédait des témoignages matériels d’une très ancienne culture. De nombreux archéologues étaient venus sur l’île et avaient fait de belles découvertes, mais Filitosa était passée inaperçue.
Une découverte primordiale
La découverte de 1946 est jugée si importante que l’archiviste en chef de la Corse, Pierre Jules Henri Lamotte (1923-2006) va faire appel un archéologue du C.N.R.S, Roger Grosjean (1920-1975). Dès 1954, le chercheur va entreprendre une fouille systématique de Filitosa. Avec l’aide de Cesari, il sondera les arcanes de ce terrain, allant de découverte en découverte et exhumant peu à peu les vestiges de plusieurs civilisations. Il fera parler les pierres de Filitosa jusqu’à sa mort en 1975. Ses recherches restent comme la plus belle des aventures archéologiques de l’île. Filitosa est aujourd’hui inscrit sur la liste des 100 sites historiques d’intérêt commun aux pays de la Méditerranée. L’éperon barré de Filitosa est situé à quelques mètres du hameau éponyme. Il dépend de la commune de Sollacaro,
dans la province de Sartène, une région d’élevage et de culture d’oliviers. Sur le site, on remarque en premier trois monuments datés d’environ 1500 ans avant J.C semblant défendre un petit oppidum qui domine une plaine plantée d’oliviers. En contrebas de la colline, cinq statues-menhirs anthropomorphiques armées et casquées sont alignées en demi-cercle. Elles sont de différentes tailles entre 1,68m et 2,23m et de 0,48 à 0,36cm d’épaisseur. Un peu plus loin à quelques mètres au sud-ouest de Filitosa, se dresse une sixième statue-menhir baptisée le Paladin haut de 2,91m, épaisse de 0,57m. Sur la butte de Filitosa se trouvent trois constructions, complexes monumentaux qui remontent à 1300 avant J.C. et qui ont pour nom Torre, nom créé par Roger Grosjean.
Depuis cette année, Filitosa s’est doté d’un musée archéologique qui présente notamment la richesse du mobilier et des vestiges de Filitosa et témoigne des différentes époques de l’édification du lieu. Les objets exhumés sur le site sont présentés dans un parcours didactique accessible à tous. L’implantation du bâtiment ainsi que son architecture en pierres naturelles s’intègrent parfaitement dans l’harmonie du lieu. Création aussi du nouveau site internet officiel filitosa.fr dont les caractéristiques sont la simplicité d’utilisation et la richesse d’un contenu adapté à une parfaite compréhension de la visite. Contact : ....- www.filitosa.fr
Les monuments sont circulaires, d’une hauteur de 6 à 8m et reposent sur une plate-forme.
Mise à jour d’une véritable énigme
Bien que ces imposants monuments et ces étranges statues gravées soient de véritables témoignages, la civilisation qui les a sculptées et installées est l’une des plus mystérieuses qui se sooient succédées sur le littoral Méditerranéen. D’autant plus énigmatique que des spécialistes de sites insolites n’hésitent pas à comparer le lieu à l’Île de Pâques au Chili ou encore Stonehenge en Angleterre. En effet, bien des interrogations subsistent sur la signification à donner aux statues-menhirs. Sont-elles des symboles phalliques élevés par les paysans, dans l’espoir de fertiliser la terre ? Ou représentent-elles des Paladini, chefs guerriers, vivants ou morts ? Bien qu’il demeure des points obscurs quant à leur signification, on ne peut s’empêcher de penser que les statues-menhirs sont liées étroitement à l’idée de la mort. Une chose est certaine, les tailleurs de pierre, les sculpteurs mégalithiques ont fait de Filitosa le plus grand centre de l’art statuaire corse et méditerranéen. Le site est également riche d’enseignements sur le mode de vie des premiers habitants de Filitosa, si ce n’est de Corse. Le site est ouvert au public.
Remerciements à Charles Antoine Cesari, propriétaire, avec sa famille, du site de Filitosa.