Var-Matin (Grand Toulon)

« Je ne vais pas me renier »

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Que retiendra-t-on de votre carrière ? Mon fort tempéramen­t. Il fait partie de moi. Il y a eu des crises de colère, surtout quand j’étais plus jeune, mais ce feu fait aussi la guerrière que je suis, celle qui ne lâche jamais rien. C’est la réputation que j’ai sur le circuit. Aucune fille n’aime me jouer à cause de ça et j’espère que c’est ce dont on se souviendra.

Il sera difficile d’effacer vos pétages de plombs… Ça fait aussi partie de mon personnage. Il faut avoir un peu de recul sur les choses. Même si on ne retient que cet aspect négatif de ma personnali­té, ça me fera rire. Je ne vais pas me renier. Ce n’est pas grave.

Vous expliquez que Michael Kuzaj, votre compagnon, vous a rendu « moins égocentriq­ue »… Tous les sportifs de haut niveau sont égocentriq­ues. Pour y arriver, c’est obligatoir­e. Il faut se rendre compte qu’une carrière passe avant beaucoup de choses. C’est toute notre vie. Dans ma famille, ma carrière a souvent pris le pas sur le reste. On est très centrés sur nous-mêmes, très à l’écoute de notre corps, de notre programmat­ion de tournois… On réfléchit pour devenir la meilleure machine possible et gagner des matchs. Ça implique forcément l’égocentris­me. En être conscient est déjà une étape pour en sortir. Je me suis adoucie dans ce domaine depuis quelques années (rire). Après ma carrière, ce sera encore plus le cas.

« A  ans, je n’étais pas assez préparée à accepter la défaite »

Vous avez découvert le circuit à  ans. A , vous avez souffert de dépression… Le circuit est un monde difficile et très solitaire. Pas seulement quand vous avez  ans. On côtoie beaucoup de gens mais peu sont vos amis. Il y a du stress chez les filles. On consacre toute notre vie à la performanc­e, l’envie de gagner est très forte. Quand on est jeune et qu’on n’a pas le recul, ça peut être très violent. A  ans, j’ai mal vécu une période où je jouais moins bien. J’étais quasiment dans le Top  mondial son meilleur classement, NDLR) puis j’ai connu une descente progressiv­e. Les défaites devenaient plus régulières et douloureus­es. C’était beaucoup de déception. Tant que je gagnais, le circuit était facile à vivre, mais je ne m’étais pas assez préparée à accepter la défaite. J’ai très vite paniqué. J’aurais dû être plus patiente et confiante en mon avenir. C’est plus facile à dire aujourd’hui qu’à l’époque. Ça m’a servi de leçon. Ça a été une histoire douloureus­e et j’avais besoin de m’exprimer sur cet épisode qui m’avait causé pas mal de peine. Les gens ne sont pas forcément conscients de ce qui se passe en coulisses. Un joueur de tennis peut parfois se prendre des

gifles qui ne sont pas méritées.

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