« Une bonne carte à jouer »
Àpeine le temps de souffler. Rudy Molard a passé deux jours pleins chez lui à Vence. Au sortir d’un Tour de France où il espérait jouer les premiers rôles auprès de son leader Thibaut Pinot, le puncheur de Groupama est reparti pour ce championnat du monde à Imola. Une bonne occasion de vite basculer sur un nouvel objectif. Pour son deuxième championnat du monde, l’Azuréen d’adoption espère peser sur la course et pouvoir aider Julian Alaphilippe à aller décrocher ce maillot arc-en-ciel que la France attend depuis (Laurent Brochard).
Quel bilan faites-vous de ce Tour de France ? Il est mitigé. Je n’ai pas été au niveau de performance attendu. J’ai chuté le premier jour à Nice, je me suis fait mal au genou droit. J’étais handicapé et je compensais avec ma jambe gauche, ce qui m’a créé des douleurs au dos. La deuxième semaine, je suis tombé malade, une rhinopharyngite et j’étais sous antibiotiques. J’ai été mieux seulement en fin de Tour, j’ai essayé de prendre les échappées, je n’y suis parvenu qu’une fois (lors de la dernière étape de montagne, vers La Roche-surForon).
Quand vous avez vu la composition de l’échappée, vous vous êtes dit qu’elle comptait trop de costauds ? C’est le problème des échappées de fin de Tour. Il y a toujours un gros niveau. Là, il y avait le vainqueur sortant du Giro (Carapaz), un ancien champion du monde (Kwiatkowski). Gagner face à eux, c’était impossible. J’ai essayé d’aller le plus loin possible. On était deux de l’équipe devant avec Sébastien Reichenbach, on s’est dit qu’on pouvait faire une belle place, mais le peloton est revenu très vite (ils ont terminé
de l’étape)... et
Collectivement, ce Tour est-il moins frustrant que celui de , lorsque Thibaut Pinot abandonne sur
blessure ?
Clairement. Il y a de la déception, mais pas de frustration. À Nice (lors de la première étape) ,onest sept sur huit à finir par terre. C’est de la malchance. Et une chute à km/h ce n’est jamais anodin. Il y a des répercussions sur plusieurs jours. Ça ne pardonne pas.
Vous vous êtes tout de suite dit que c’était fini pour le général ? Non, on restait optimiste. On se disait que ça irait mieux petit à petit, qu’il pouvait récupérer. Le problème, c’est que la douleur n’est jamais partie et ça a lâché dans les Pyrénées. Avec le dénivelé de cette édition, la vitesse, il fallait vraiment être à %, sinon c’était impossible de jouer le général.
À peine le Tour terminé, il faut basculer sur ces mondiaux. Il n’y a pas trop de fatigue ? Je finis le Tour moins fatigué que l’an passé. Je suis rentré lundi (à Vence) et reparti jeudi. Je suis resté sérieux, concentré. J’ai l’habitude de cet enchaînement, puisque les autres années j’étais sur la Clasica San Sebastian le week-end après le Tour. Une semaine après un grand Tour, je me sens bien, je joue les premiers rôles sur San Sebastian, j’espère que j’aurai la même forme sur ces mondiaux. Je reproduis ce
modèle qui me réussit bien.
Vous vous attendiez à cette sélection ? Quand j’ai vu le parcours, je l’espérais. C’est un super objectif, une bonne occasion de rebondir. Je suis content de faire partie de la sélection, c’est un honneur de porter ce maillot.
Quelles seront les ambitions françaises ? Julian (Alaphilippe) ne sera pas le favori comme l’an passé, mais on a une bonne carte à jouer. On n’aura pas à supporter le poids de la course, il aura moins de pression, ça peut lui permettre de
trouver l’ouverture.
Thomas Voeckler a annoncé qu’il ne serait pas le leader unique ? Oui, c’est son discours dans la presse, mais Julian sera notre leader et s’il se sent bien, on va tout donner pour lui.
Il y a deux ans, vous aviez fait un gros boulot pour les trois leaders (Alaphilippe, Bardet et Pinot). Votre rôle sera identique ? J’avais été le dernier à les accompagner. J’étais encore là dans le groupe de . Je suis motivé et prêt à faire ce type de boulot. On sera peut-être aussi plus porté sur l’attaque.
C’est un circuit qui semble taillé pour Alaphilippe ? Sur le papier oui, c’est un parcours pour les puncheurs-grimpeurs. Les
Né le septembre à Gleizé (Rhône). ans. Vit à Vence. Cycliste professionnel depuis (Cofidis -, Groupama-FDJ depuis ). Palmarès : victoires d’étape sur ParisNice, le Tour du Limousin, e de Paris-Nice (, ). participations au Tour de France (e en ).
deux bosses ne sont pas trop dures, mais si ça monte vite, elles vont faire des dégâts. Le circuit est long (, km), il y a aussi des moments de récupération, mais il y a quand même km et m de dénivelé, c’est beaucoup ! Il y a beaucoup de coureurs qui vont apprécier ce circuit.
Qui seront vos adversaires ? Ils seront nombreux. Van Aert vu son Tour. Ça peut aussi être un “Flandrien” comme Van Avermaet. On retrouvera les gars qui ont marché sur le Tour et aussi Ulissi, qui vient de remporter le Tour du Luxembourg et Fuglsang, qui a gagné le Tour de Lombardie.
Ilyadela déception, mais pas de frustration.”
Vous allez découvrir Thomas Voeckler comme sélectionneur... Il a une grande expérience et il était très malin comme coureur, avec un vrai sens tactique. Il sait comment gagner des courses, prendre l’ascendant psychologiquement sur ses adversaires. Avec lui, tactiquement, on peut lui faire confiance. C’est un avantage.
Quelle sera la suite de votre saison ? Après les mondiaux, j’enchaîne avec les classiques. La Flèche wallonne, dès mercredi, puis Liège ( octobre), l’Amstel (le ) et le Tour des Flandres (le ). Ça fait plusieurs années que j’avais envie de le découvrir. C’est une course historique, qui me fait vibrer. J’ai préféré faire des courses d’un jour plutôt que la Vuelta ( octobre, novembre). Les conditions météo ne seront pas faciles en Belgique, mais aller dans le nord de l’Espagne en novembre...