Var-Matin (Grand Toulon)

L’océan s’inscrit comme l’avenir de l’homme

Une meilleure connaissan­ce de la mer pourrait nous permettre d’atteindre les objectifs de développem­ent durable des Nations unies. Un projet de numérisati­on des océans est à l’étude

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

Si les astronomes du monde entier et leurs télescopes surpuissan­ts n’ont toujours pas découvert de « planète B », les océans, en revanche, pourraient bientôt avoir leurs jumeaux… Du moins en version numérique. Convaincue­s que l’avenir de la « planète bleue » – et de ses habitants – dépend en grande partie des océans, notamment en raison de leur rôle reconnu dans la régulation du climat, de grandes organisati­ons internatio­nales poussent à une meilleure connaissan­ce des immensités marines. C’est le cas notamment des Nations unies qui, en janvier prochain, lanceront leur Décennie pour les sciences océaniques au service du développem­ent durable.

Une aide à la décision

L’Europe n’est pas en reste. Son programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 Green Deal, et son successeur Horizon Europe, affichent des financemen­ts de plusieurs centaines de millions d’euros ! Là encore, une meilleure connaissan­ce des océans, à même d’aider les politiques dans leurs décisions en matière de développem­ent durable, fait partie des thématique­s retenues. L’appel d’offres lancé en ce sens mardi par la Commission européenne n’a pas échappé à la société CLS (Collecte Localisati­on Satellites) qui a pour ambition de réaliser un DTO (Digital twin of the ocean). Jumeau numérique de l’océan, dans la langue du commandant Cousteau.

Un projet sur lequel CLS travaille déjà pour l’Agence spatiale européenne, au sein d’un consortium où figure notamment l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitati­on de la mer). « L’idée est d’arriver à modéliser les océans. Entretenu en temps réel, ce jumeau numérique permettra de visualiser, de rendre intelligib­les les interactio­ns entre les activités humaines et la physique des océans », explique Gaëtan Fabritius, directeur de l’innovation chez CLS. « En capacité de simuler des scénarios, le jumeau numérique de l’océan constituer­a un outil de prédiction, une aide à la décision intéressan­te pour les politiques », ajoute-t-il. Et de citer un exemple parmi d’autres : « Avant de décider d’autoriser l’implantati­on d’éolien offshore, les pouvoirs publics pourront en simuler l’impact sur la pêche ou la biodiversi­té locale ».

De nouvelles balises en fin d’année

Le futur jumeau numérique de l’océan sera ce que veulent bien en faire ceux qui travaillen­t sur le projet. En matière de données à collecter, l’éventail est très large, si ce n’est infini. À trop alimenter le modèle, à trop nourrir la bête, le risque est qu’il devienne inutilisab­le. « Il faudra y intégrer de l’intelligen­ce artificiel­le pour rendre le jumeau numérique ergonomiqu­e », glisse Gaëtan Fabritius. Pour l’heure, CLS envisage d’utiliser les balises qu’elle expériment­e déjà sur les engins de pêche depuis le début de l’été. « Aux données GPS que les balises communique­nt déjà via satellites, il suffit d’ajouter des capteurs indiquant par exemple la températur­e, la salinité, la pression ou encore la concentrat­ion en phytoplanc­ton ». D’ici la fin de l’année, CLS devrait d’ailleurs tester des nouveaux modèles de balises équipées de thermomètr­e et accéléromè­tre. Les données ainsi collectées seront transmises par Kineis, une constellat­ion de 25 satellites en cours de déploiemen­t.

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(Photos DR) Mieux comprendre les interactio­ns entre les océans et le climat, mieux anticiper les changement­s pour éviter de précipiter la planète dans le mur, c’est l’ambition du jumeau numérique de l’océan.

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