Robert Audiffren
On dit toujours que l’enfant est le père de l’homme », confie Robert Audiffren. Ses lectures d’ado, sa passion pour les bandes dessinées et pour les romans de Jules Verne d’un côté, les énigmes d’Agatha Christie de l’autre, ont façonné l’auteur qu’il est aujourd’hui, son ADN jonglant avec une aisance naturelle entre le polar et le roman historique. Natif de Nice, où il a fait ses études, Robert Audiffren a d’abord fait carrière dans la finance. C’est lorsqu’il décide de quitter le monde de l’entreprise et de se lancer à son compte qu’il (re)trouve le temps de se laisser aller à sa première passion. Depuis, il est l’auteur de onze romans publiés en huit ans, alternant ostensiblement entre polar et roman historique. Dans son précédent livre historique, Robert Audiffren plongeait le lecteur dans la Russie de la révolution, auprès d’une famille aristocratique dont les enfants étaient divisés en deux clans, avec un épilogue sur la Côte d’Azur. Le dernier, Va Pensiero nous emmène cette fois dans l’Italie de 1848, à l’heure du soulèvement européen. Dans ce « Printemps des peuples » ainsi baptisé par l’Histoire, on suit un jeune médecin, Fabrizio, fiancé à une jeune femme de la haute société vénitienne, victime d’une trahison, et sa fuite dans l’empire austro-hongrois. Un ouvrage qui n’est pas sans certaines similitudes avec le contexte que le monde traverse actuellement, non en termes de santé mais plutôt d’humanité. Robert Audiffren aurait dû participer à la fête du livre du Var, en 20 novembre mais elle a été annulée.
Pourquoi avoir choisi de situer l’action de votre livre en plein Printemps des peuples, en ? Au départ, je m’étais mis en quête de faire un roman sur la libération de Venise par rapport au joug autrichien. Et puis en travaillant cet angle, je me suis rendu compte que cela convergeait en avec ce soulèvement de toutes les capitales d’Europe. La trame était tracée.
Aux côtés de Fabrizio, de ses rencontres, il y a un autre personnage évidemment, la ville de Venise ? C’est en effet la conjugaison de trois éléments : l’amour inconditionnel d’une ville, l’histoire d’une vengeance et l’histoire d’un homme partagé entre deux femmes. L’une issue de la bonne société aristocratique, esclave des convenances de sa classe sociale, et sa parfaite opposée, une gitane, femme de chair et d’instinct. Je trouvais drôle d’exploiter son entrée dans un milieu qui n’est pas le sien.
C’est difficile de travailler un roman en s’appuyant sur des éléments historiques ? Difficile non mais c’est très long, car il faut vérifier l’authenticité des faits. Prenez l’épisode de la fuite à cheval par exemple : il faut vérifier les distances, la vitesse d’une voiture à cheval, etc., ça me prend le double de temps. J’écris un peu comme Hergé réalisait ses bandes dessinées : il dessinait ses personnages et dans un deuxième temps, mettait le décor derrière. J’ai transposé la méthode. J’écris un peu mon histoire et ensuite, j’étoffe pour rendre crédible le scénario.
Venise revient souvent dans vos ouvrages ? J’ai découvert cette ville il y a une cinquantaine d’années, et j’en suis tombé amoureux. C’est ma maîtresse. J’adore m’y perdre, y partir à l’aventure et découvrir des nouveaux quartiers. À chaque fois c’est une vraie découverte.
De quoi parlera votre prochain livre ? J’ai écrit il y a quelques années un livre à énigmes. J’y abordais la chute de Montségur, le trésor des Cathares, avec des rebondissements jusqu’à la renaissance. Je reprends les personnages en pleine renaissance. Ce n’est pas vraiment une suite... Vous verrez ça en fin d’année.
J’écris un peu comme Hergé dessinait... ”
Je suis tombé amoureux de Venise”