Caroline Tiné « La vie est une question d’équilibre »
Tomber du ciel est le quatrième roman de Caroline Tiné. Un huis clos tout à fait réussi dans lequel on voyage avec des personnages troublants au bord de la chute…
S’il y a bien un sujet que Caroline Tiné aime aborder, c’est celui du confinement ! Tout semble être à huis clos chez l’écrivain et ancienne journaliste, qui a été directrice de la rédaction de Marie Claire Maison durant plusieurs années et a obtenu le prix du Premier Roman en 1990 avec L’Immeuble (Editions Albin Michel). Le huis clos, c’est son univers, celui qui lui permet de s’exprimer en toute légèreté. Dans son dernier roman Tomber du ciel, on est à bord d’un A380 entre Paris et Singapour. Ils sont cinq personnages en rupture avec eux-mêmes. Talitha, Leïla, Marie-Ange, Saul et le vieux Anil. Tous sont en déséquilibre dans leur vie. Attention, zone de turbulences annoncée, merci d’attacher vos ceintures !
Comment avez-vous tissé la trame de votre roman ? Il y a quelques années, j’avais été choqué par l’accident du vol Germanwings causé par le copilote Andreas Lubitz, qui s’est suicidé, avec les passagers, en propulsant l’avion contre les montagnes des Alpes du Sud. Ce qui m’a frappé dans cette catastrophe, c’est que la vie ne tient pas à grand-chose. Tout s’est mis en ordre de marche dans ma tête. Il se trouve que j’adore l’avion et j’ai trouvé que c’était un bon endroit pour que des gens se retrouvent et que l’on puisse traiter des problèmes existentiels.
Pensez-vous que le fait d’être confiné dans un avion est propice à la discussion ? Absolument ! Le confinement que l’on a vécu le prouve également. Avant tout, l’avion est propice à la rencontre. Je pense qu’il y a des gens très disponibles, parce qu’ils sont sans obligation et ils en profitent pour observer leurs voisins. Le fait d’être dans une bulle facilite les relations. Dans mon roman, on a cinq personnages qui sont tous en train de faire le deuil de quelque chose dans leurs vies. Ils sont arrivés à un point de déséquilibre.
Vos personnages sont mélancoliques, dépressifs voire déstabilisés. Qu’est ce qui vous a inspiré chez eux ?
Je pense que c’est une métaphore des anges déchus que nous sommes. Une rencontre avec tout ce qui est noir, tout ce qui est sombre en nous. On peut dire que mes personnages disent “adieu” à eux-mêmes y compris à l’avion, qui est de toute évidence, le “personnage” principal.
Votre livre est un roman choral... Tout simplement parce que tous les personnages sont au même niveau et ils s’expriment tous. Il n’y a pas de personnage secondaire, à part le commandant et une hôtesse de l’air. C’est un roman à plusieurs voix !
Le confinement que nous avons vécu il y a quelques mois a-t-il été salvateur pour vous ? Tous les écrivains sont habitués au confinement. Mais pour moi, cela n’a pas été salvateur dans la mesure où je n’ai pas réussi à écrire, parce que c’était un confinement obligatoire. Je n’aime pas qu’on m’impose des choses ! Cela dit, j’écris toujours sur des huis clos. J’aime bien l’unité de lieu, j’aime bien les gens qui sont obligés de se confronter à euxmêmes et aux autres. Je trouve que c’est très intéressant.
Être dans une bulle facilite les relations »
Je n’aime pas qu’on m’impose des choses”