Le gardien de villa au Muy veillait aussi sur des voitures volées
Le hasard fait souvent bien les choses. Dans cette affaire, il a quand même dû s’y reprendre à trois fois et attendre cinq ans (!) pour que justice soit rendue. Le 15 octobre 2015, les gendarmes du Muy se rendent à une villa pour avertir la propriétaire d’une décision de justice. Personne ne semble s’y trouver malgré la lumière allumée et la présence de plusieurs véhicules. Pour s’en assurer, les fonctionnaires actionnent leur sirène deux-tons. Un voisin les avertit alors que deux jeunes hommes se sont enfuis en courant. Le lendemain, les gendarmes reviennent et effectuent une perquisition. Dans la propriété, ils découvrent un Porsche Cayenne, une Mercedes Classe C, un scooter T-Max et une Harley Davidson. Après enquête, il s’avère que tous ces véhicules ont été volés entre La Ciotat, Mougins et Annecy, la Mercedes ayant même servi à plusieurs braquages dans la région grenobloise.
« Quelque chose de louche »
Lors de son audition, la propriétaire de lieux, Françoise G., explique qu’elle n’habite plus la villa depuis le suicide de son mari et a laissé une amie s’en occuper. Celle-ci a fait appel à Jamel B. pour le gardiennage, en sachant qu’il ne sera payé qu’à l’issue de la vente de la maison. « J’ai voulu me faire un peu d’argent, donc j’ai passé une petite annonce indiquant que j’avais un espace fermé pour garder des véhicules, explique le mis en cause. Je ne savais pas qu’ils étaient volés au début. Après j’ai compris quand même qu’il y avait quelque chose de louche… » Le déclic est peutêtre intervenu quand les « clients » lui ont demandé de changer des plaques d’immatriculation. Mais avant la découverte du lieu par les gendarmes, Jamel B. était parti en vacances en Tunisie. Où il aura un accident de la route qui le conduira quelque temps derrière les barreaux. Puis où il rencontrera là-bas sa future épouse. Finalement, il ne reviendra qu’en France en 2017. « Pour répondre de [ses] actes. »
Mille euros d’amende
Des actes qui, cinq ans après, lui vaudront une peine de 100 jours-amendes à 10 euros. « Du temps est passé, note le procureur. Au départ, les enquêteurs ont pensé pouvoir démontrer l’existence d’une bande organisée, mais ils n’ont pu mettre la main que sur le gardien. Aujourd’hui, une peine d’emprisonnement ne semble pas adaptée à sa situation personnelle et professionnelle »« Même s’il savait que ce qu’il faisait était louche, il était étranger aux vols, abonde la défense. Il est quand même bizarre que dans ce dossier, l’ADN retrouvée n’est pas été plus exploitée pour remonter la filière… » Cette fois, le hasard n’y est pour rien.