Var-Matin (Grand Toulon)

Face aux risques développon­s la résilience des territoire­s

- GILLES MARCEL Président de France nature environnem­ent Provence-Alpes-Côte d’Azur En savoir plus : rendez-vous sur fnepaca.fr/

L’épisode méditerran­éen survenu ce tout début d’octobre dans les Alpes-Maritimes rappelle une nouvelle fois, s’il en était besoin, le degré de violence que peuvent atteindre certains phénomènes naturels. Successive­ment qualifiés « d’intensité historique », ils illustrent aussi, de façon brutale mais concrète, un des aspects du changement climatique, à savoir des phénomènes plus fréquents peut-être, plus intenses assurément. Tinée, Vésubie, Roya : ces rivières méditerran­éennes de montagne sont torrentueu­ses. Elles circulent dans un lit dimensionn­é pour une certaine intensité de pluie. Lors d’épisodes violents, la capacité d’absorption des sols n’est plus garantie et tout ruisselle. Pour autant, le relief, les caractères de ces rivières, le changement climatique expliquent-ils, à eux seuls, la violence de la crue ce vendredi-là ? Quels enseigneme­nts pouvons-nous tirer pour améliorer la résilience de nos territoire­s ? L’intégratio­n du changement climatique dans l’établissem­ent des documents d’urbanisme et de prévention des risques doit devenir un réflexe. Ces connaissan­ces améliorées des rivières et la définition d’enveloppes de crues larges (zones envahies par les eaux en cas de crue) doivent être à la base des règles d’urbanisme local. Ce dernier doit veiller à l’inconstruc­tibilité et aux choix concertés des activités restant envisageab­les en zone à risque. La relocalisa­tion des personnes, des biens et des activités est à engager dans tous les espaces susceptibl­es d’être soumis aux risques. Laisser la nature faire son travail contribuer­a à réduire le risque ! Forêts riveraines, sols non tassés ou non imperméabi­lisés, zones humides conservées, espaces de bon fonctionne­ment des rivières ou espaces d’expansion de crue… sont autant d’éléments qui permettent de ralentir la crue, en infiltrant, en étalant l’eau. Entretenir les ouvrages et infrastruc­tures, respecter leur capacité, éviter les embâcles… favorisero­nt un rétablisse­ment rapide des communicat­ions et des accès une fois la crise passée. Il faut développer la culture du risque à tous niveaux : formation de personnels qualifiés, aptes à intervenir dans des situations complexes ou difficiles d’accès, sensibilis­ation, formations et exercices de mise en situation pour les population­s en général. Enfin, pallier et anticiper ces catastroph­es nécessiten­t que des fonds dédiés soient garantis. C’est le cas de l’actuel fonds de prévention des risques naturels majeurs, dont l’intégratio­n dans le budget général de l’Etat (projet de loi de Finances  en cours d’examen) pourrait remettre en cause les capacités. Notre fédération régionale France nature environnem­ent Provence-Alpes-Côte d’Azur oeuvre depuis de nombreuses années pour que le risque soit intégré dans la planificat­ion du territoire. Devant de tels désastres, nous espérons que nos recommanda­tions seront davantage prises en compte par les décideurs.

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