Covid, taxes et Brexit, le cocktail gueule de bois du vin français
Face à une conjoncture historiquement négative, le vin français traverse une période difficile avec un recul historique des ventes depuis les vendanges 2019, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’exportation. Particulièrement touché, le vin rouge a vu ses ventes reculer de 5 % en volume et en valeur en grande distribution en France sur la « campagne » viticole qui s’étend du 1er août 2019 au 31 juillet 2020, soit d’une vendange à l’autre, selon France AgriMer, l’organisme semi-public qui régit les marchés agricoles. Seuls les blancs et rosés ont résisté au choc, avec des hausses respectives de 0,9 % en valeur sur les blancs et de 1,2 % pour les rosés en grande surface sur la même période. De début mars à fin mai, lorsque toute la population était à la maison, les ventes en grande distribution ont légèrement progressé en volume (+1,1 %), hors effervescents. Mais les Français confinés ont acheté des vins moins chers qu’au restaurant et le chiffre d’affaire du secteur a reculé de 3,1 %. Idem à l’étranger : les exportations ont chuté de 18 % en valeur de janvier à août 2020 par rapport aux huit mois comparables de 2019. En ces périodes peu festives, les bulles (champagne et crémant) sont les plus touchées avec des exportations en recul de 22 % en volume et de 28 % en valeur sur la période. Celles de vins tranquilles se sont affaissées de seulement 6 % en volume et 13 % en valeur. Sur la « campagne » viticole août-juillet, la chute des exportations s’élève à 10 % au total, tous vins confondus. C’est la première fois depuis 2008-2009 qu’une baisse « aussi marquée » intervient sur le marché de l’exportation des vins, traditionnellement deuxième contributeur à la balance commerciale française derrière l’aéronautique. En cause : la fermeture des restaurants quasiment simultanément dans de nombreux pays du monde, où les bouteilles françaises représentent une bonne partie de la carte des vins ; l’imposition de taxes de 20 % aux Etats-Unis depuis octobre 2019 sur les vins tranquilles de moins de 14 degrés ; et des incertitudes liées au Brexit, la GrandeBretagne étant l’un des premiers clients de la France viticole.