Thierry : « L’Amérique arrive devant une bifurcation »
Heureusement, il y a le téléphone. Les mails. Ou encore les conférences Zoom. Sans cela, difficile de partager le ressenti des Américains sur les élections depuis la Côte d’Azur : « La Covid empêche les rassemblements et la circulation des personnes entre les ÉtatsUnis et la France. » Thierry Chevallier, 51 ans, entend précisément tisser du lien entre les deux pays. L’association France-ÉtatsUnis French Riviera & Monaco, qu’il préside, compte une centaine de membres entre Alpes-Maritimes, Monaco et l’Est-Var. Ce Mentonnais est, lui-même, intimement lié à l’Amérique par son histoire personnelle, familiale et professionnelle. Alors, ce ressenti, Thierry Chevallier s’en fait l’écho. Et son diagnostic est cinglant. « Près de la moitié de la population n’est pas intéressée par la campagne aux États-Unis. Il y a un écoeurement de la politique, plus encore depuis le premier débat Trump-Biden.
On n’a pas parlé des problèmes des Américains. On s’est contenté de s’envoyer des insultes à la figure... » Thierry Chevallier redoute un manque de mobilisation des électeurs. En particulier chez les jeunes. « Trump a une base solide, qui va se déplacer. Mais Biden va devoir mobiliser pour avoir une majorité claire. » Thierry a fait les comptes. Verdict : « Pour avoir une avance confortable, il faudrait que Biden soit majoritaire en Floride, en Caroline du Nord, en Géorgie et au Texas. » Challenge.
« Il a raté l’occasion de rassembler »
Thierry Chevallier s’attend, lui aussi, à voir le suspense s’étirer bien au-delà du 3 novembre. « Il va y avoir des recours juridiques des deux côtés. Je pense que Biden acceptera le résultat. Mais quelle sera la position du président Trump, si imprévisible ? » Jouera-t-il la politique du chaos en cas de défaite ? Pas si sûr, selon Thierry : «Ilest dans la provocation. » En attendant, Donald Trump « peut encore gagner » .Son Make America great again résonne toujours avec force au pays « du Far West, de la conquête ». Alors oui, Trump a « modifié le visage de l’Amérique. Il l’a aussi abîmée sur le plan humain. Avec l’affaire George Floyd, il avait une formidable occasion de rassembler. Il l’a ratée... ». C’est donc une Amérique plus divisée que jamais qui s’avance vers un choix sans nuance, entre l’électrique Trump et le posé Biden. « Une bifurcation ». Et celle-ci concerne le monde entier. « Car les Etats-Unis, quoi qu’on en dise, restent la première puissance mondiale. Y compris face à la Chine. »