Médicaments contre le rhume : de maigres bénéfices et des risques
À la veille des grandes épidémies saisonnières, les Académies nationales de Pharmacie et de médecine appellent, dans un communiqué commun, à la prudence concernant l’usage des médicaments contre le rhume. « Ils ne sont pas d’une grande efficacité et peuvent même être dangereux. » Alors que 2 % de la population française en est affectée chaque année – soit six à sept fois plus que la grippe — ces sociétés savantes rappellent que ces infections évoluent naturellement favorablement et que les complications sont très rares. « Sauf cas particuliers, les AINS [Anti-inflammatoires non stéroïdiens tels que l’ibuprofène et l’aspirine, Ndlr] la corticothérapie, les antihistaminiques H1, l’ipatropium intranasal, les décongestionnants nasaux : aucun traitement du rhume de l’adulte n’a fait preuve d’une grande efficacité. »
Automédication = danger
Le risque d’effets indésirables serait, lui, bien réel. « Les prescriptions médicamenteuses représentent un danger en termes de santé publique, et génèrent un coût injustifié en termes de dépenses de santé. » Dans ce contexte, les deux Académies émettent plusieurs recommandations, parmi lesquelles la création d’un « Observatoire National du Rhume » ; l’amélioration de la formation des médecins et des pharmaciens en se basant sur une nouvelle nosologie : l’IVVAS (infection virale des voies aériennes supérieures) ; définir la place de l’antibiothérapie dans le traitement du rhume à partir des recommandations des sociétés savantes (plus de onze millions de boîtes d’antibiotiques sont vendues chaque année en France lors des pics infectieux hivernaux dont l’étiologie est le plus souvent virale) ; limiter l’usage de la corticothérapie le plus souvent inadaptée ainsi que l’usage des vasoconstricteurs en raison de leurs effets indésirables, en suggérant qu’ils ne soient délivrés que sur prescription médicale ; alerter le public des dangers de l’automédication ainsi que de la dangerosité et de l’inefficacité de nombreux traitements.
1. Le rhume est une virose aiguë des voies aériennes supérieures affectant l’ensemble des cavités nasales, sinusiennes et pharyngées. Il doit être distingué de la grippe. Les termes « rhino-pharyngite aiguë », « rhinosinusite aiguë », « rhinite aiguë » et « sinusite aiguë » doivent être considérés comme des synonymes. Nous proposons de regrouper l’ensemble de ces termes sous une dénomination commune attestant de son origine virale : « infection virale des voies aériennes supérieures » ou IVVAS (à l’exclusion du rhume d’origine allergique).