Détruire les lésions calcifiées avant de poser un stent
Un nouvel appareil, le Shockwave, facilite le travail des cardiologues interventionnels en détruisant efficacement les plaques dures qui se sont formées à l’intérieur des artères
Depuis un an, les cardiologues interventionnels de la clinique Saint-Georges disposent d’un nouvel outil pour soigner certaines coronaropathies : le Shockwave. Un dispositif particulièrement utile pour traiter des patients qui présentent des lésions calcifiées sur les artères. « La difficulté réside dans le fait que l’artère est rétrécie, à cause de ces plaques dures qui se sont formées. De ce fait, le sang passe moins bien. Mais on ne peut pas poser un stent directement parce qu’il ne pourrait pas s’ouvrir et régler le problème », résume le Dr Yacoub Habib. « Si on place un stent de but en blanc, il y a un risque de perforation, de dissection ou d’échec, complète le Dr Redouane Saady. Il faut donc d’abord éliminer la lésion calcifiée. » Si en théorie cela semble évident, dans la pratique l’opération est complexe. D’où l’intérêt du Shockwave. « Ce dispositif va permettre de détruire les plaques dures pour pouvoir ensuite poser le stent en toute sécurité. » Le Dr Laurent Drogoul, lui aussi cardiologue niçois, a présenté l’instrument à l’occasion d’une intervention en direct lors du Congrès Francophone de Cardiologie Interventionnelle (CFCI) en octobre 2019 à Paris. Il détaille la procédure : « On introduit un ballonnet dans l’artère concernée, au contact de la lésion calcifiée. Ensuite, on lui transmet une énergie électrique qui va envoyer une onde de choc acoustique. Une bulle de vapeur va se dilater puis s’effondrer. La répétition des ondes acoustiques aura pour effet de fissurer la lésion qui finit par s’effriter. Les infimes morceaux sont drainés et évacués dans la circulation sanguine. Il ne reste plus ensuite qu’à poser le stent. »
Pas sur les lésions fibreuses résistantes
Le Shockwave donne de bons résultats, sans douleur ni risques particuliers. Alors qu’avant l’arrivée de l’appareil, l’intervention était possible, mais plus délicate à réaliser avec en conséquence un risque plus grand de complications. Ici, le patient est opéré sous anesthésie locale. Et il peut regagner son domicile dans les jours qui suivent, le temps de vérifier que tout se passe bien. S’il n’y a pas de contre-indication à l’utilisation du dispositif, il faut poser au préalable la bonne indication. « L’un des avantages c’est qu’il permet d’intervenir sur un patient chez lequel il a été tenté de poser un stent par le passé, mais qui ne s’est pas déployé à cause des lésions calcifiées » , note le Dr Habib. « Toutefois, il ne fonctionne pas sur les lésions fibreuses résistantes », précise le Dr Saady. Pour l’heure, la technique reste relativement peu employée en France. Le motif est simple : à ce jour, elle n’est pas prise en charge par la Sécurité sociale. De ce fait, l’investissement financier est lourd à supporter. C’est à l’initiative de certains établissements de santé que peuvent être soignés les patients grâce à cette technique. L’équipe de Saint-Georges a ainsi pu traiter une petite trentaine de patients en un an, depuis qu’elle dispose du Shockwave.