InnoSun le souffle solaire
Arrivé en 2014 en Namibie, le Sanaryen Tom Torne développe cette filiale africaine de l’entreprise française InnoVent.
Qui aurait pu imaginer qu’un « petit » Sanaryen serait à l’origine du premier parc solaire et de la première ferme éolienne de Namibie ? Certes, Tom Torne (ci-dessus) a grandi bercé par le soleil et le mistral varois. Mais, depuis 2014, développer InnoSun – filiale de l’entreprise française InnoVent – à Windhoek,
(1) capitale d’un pays de 2,5 millions d’habitants et dont la superficie avoisine près de deux fois celle de l’Hexagone, n’était pas une mince affaire. Cette société locale namibienne produit de l’électricité grâce à la construction de centrales à énergies renouvelables situées à proximité des zones de consommation. Avec déjà quatre parcs créés en cinq ans pour une puissance électrique de 20 mégawatts (MW) et un important appel d’offres gagné récemment en Zambie, la compagnie dirigée par Tom Torne, responsable administratif et financier de la structure, et l’ingénieur français Alexandre Matton, poursuit son ascension en Afrique australe.
En quoi consistent les principales missions d’InnoSun aujourd’hui ? Depuis , je contribue à développer cette filiale d’InnoVent en Namibie avec Alexandre Matton, mon collègue ingénieur français. Au départ, comme n’importe quelle start-up, nous sommes passés par des phases différentes. J’ai installé des mâts de mesures et des stations météo dans le désert pour enregistrer des données de vent, j’ai passé beaucoup de temps à étudier le cadre politique, administratif et juridique... Mais nous cherchions principalement des opportunités en montant des projets, tout comme aujourd’hui d’ailleurs. Nous essayons de réaliser toutes les étapes nécessaires à la création de centrales solaires ou éoliennes : trouver un emplacement, obtenir des autorisations environnementales, du chef local, des permis de construire, des licences de production, du financement... Une fois le parc terminé, nous vendons ensuite l’électricité, généralement sur une période donnée allant deàans[ contrats d’achat d’électricité, ndlr] à diverses entreprises (principalement à NamPower, équivalent local d’EDF, mais aussi potentiellement à une usine, une mine, une fonderie, etc.).
Quels types de structures construisez-vous ? Ici, nous construisons des « petites » centrales de MW. Soit l’équivalent de hectares de panneaux solaires. Mais l’investissement pour ce type de projet reste conséquent, il faut compter environ millions d’euros. À titre de comparaison, certains parcs vont jusqu’à ou MW dans le sud de la France. Pour autant, à l’échelle de la Namibie, c’est vraiment pas mal ! N’étant pas industrialisé, le pays importe la plupart de son électricité et ne possède pas d’autre source pour la produire. On ne trouve ni pétrole, ni gaz, ni charbon, ni rivière suffisante permettant d’accueillir un barrage dans cette région désertique.
Combien de personnes travaillent sur ces projets ? Aujourd’hui, nous comptons employés, dont Namibiens. Mais au début, nous étions seulement deux. Alors, bien entendu, on sous-traitait tout. Et au fur et à mesure, on a grossi. Nous avons construit le premier parc solaire de Namibie en . En et en , on en a réalisé deux autres, toujours de MW, sans oublier la première ferme éolienne du pays ! Quand l’activité a pris plus d’ampleur et que l’on a embauché, je suis passé de développeur de projets à manageur d’équipes et gestionnaire de la société locale. Une fois que le gouvernement a vu que la technologie marchait, un programme d’appel à projets de parcs a été lancé. On en a remporté trois. Pourtant au départ, avant même de penser à la construction, une grosse partie du travail consistait à créer un cadre juridique, convaincre les autorités en leur montrant comment ça fonctionne...
D’autres pays africains peuvent-ils être intéressés par votre savoir-faire ? Oui, clairement. Depuis , l’activité sur le sol namibien s’est un peu ralentie. Le gouvernement attend de voir comment le réseau réagit à ces énergies renouvelables, tout en sachant que des projets
Nous avons construit les premiers parcs solaires et éoliens du pays !”
On souhaite vraiment s’étendre au sein de l’Afrique australe.”
de plus grandes envergures sont en cours. Avec Alexandre, on a cherché à développer nos procédés dans les pays proches. Au Botswana, au Zimbabwe, au Mozambique... et surtout en Zambie où on a gagné un appel d’offres en pour deux projets totalisant MW, soit deux fois la capacité de ce que l’on a déjà mis place en Namibie. Il s’agit d’un beau programme en partenariat avec une entreprise locale. On souhaite vraiment s’étendre au sein de l’Afrique australe.
L’arrivée des énergies renouvelables crée donc du lien localement... Notre impact s’avère bel et bien réel. En fait, toute l’Afrique australe reste vraiment dépendante de l’Afrique du Sud, le moteur économique de la région qui détient une grande quantité de charbon. En prônant et en produisant ce type de ressources renouvelables, non seulement on ne pollue pas, mais en plus on investit dans le pays, l’argent circule et va être réinjecté au coeur de l’économie. D’ailleurs, InnoSun est détenue à % par la firme locale Black Diamond Investment – un groupe de femmes issues de communautés discriminées pendant l’apartheid, à qui nous avons ouvert l’actionnariat.
Et au niveau des partenaires extérieurs également ? La réussite du projet de , qui s’apparentait aussi au tout premier parc solaire du groupe français InnoVent, nous a amenés à travailler avec la banque de développement namibienne, ou encore des sous-traitants locaux (électriciens, ingénieurs...). Concernant l’intégralité de nos parcs, nous avons finalement gardé ces mêmes collaborateurs, notamment pour les opérations de maintenance des différents sites. Pour nous, c’était une solution bénéfique. Lors des périodes de construction, on a appris et progressé ensemble. Des compétences utiles pour ces entreprises qui volent désormais de leurs propres ailes ! 1. InnoVent est une société indépendante de développement et d’exploitation de parcs éoliens et solaires en France et en Afrique dont le siège se trouve à Villeneuve-d’Ascq, dans le département du Nord.