Var-Matin (Grand Toulon)

SoulFetish bijoux du bout du monde

Créateur de bijoux pour hommes, le Varois Thierry Martino s’est installé en 1997 en Asie pour développer sa marque « SoulFetish ». Depuis, la griffe s’adresse aussi aux femmes.

- KARINE MICHEL kmichel@nicematin.fr

Nous souffrons comme tout le monde mais nous sommes fatalistes et résilients. Nous continuons à travailler et à donner le meilleur de nous-mêmes. » Malgré la crise sanitaire, Thierry Martino fait montre d’une furieuse volonté de développer plus encore SoulFetish, la marque de bijoux qu’il a créée il y a plus de vingt ans. SoulFetish, c’est l’histoire d’un mec parti s’installer en Thaïlande, avec l’idée de monter sa propre entreprise de fabricatio­n de bijoux, rock et chic. Pour hommes d’abord. L’idée étant de « combler un vide qui existait sur le marché du bijou masculin, à l’époque… » Auparavant, le Toulonnais de 23 ans est parti dans les Landes. « J’adorais lesurf!» Pour s’assurer le gîte et le couvert, Thierry est embauché comme représenta­nt pour une grande marque niçoise de bijoux, une vraie référence sur le marché alors : Reminiscen­ce. Cinq ans à vendre les produits dans le grand Sud de la France, « j’ai compris à ce moment-là que la bijouterie, ce n’était pas seulement une pièce mais toute l’histoire que l’on y met, l’attache affective, voire spirituell­e… C’est quelque chose d’assez profond ».

Formé à l’École nationale de la bijouterie

Thierry Martino suit une formation à l’École nationale de la bijouterie, à Saumur. « Après ça, j’ai commencé à venir en Thaïlande parce que je savais qu’ici, on fabriquait des bijoux, en argent surtout. » Il fait ses premiers pas comme designer en 1994, sur un marché où l’homme, un peu surfeur, surtout biker, ne trouve pas de pièces masculines qui répondent à ses aspiration­s. Il commence à « bricoler » dit-il. « Un jour, j’ai décidé de sauter le pas et de venir travailler en Thaïlande. J’avais du mal à décoller en France [l’artisan y avait ouvert deux boutiques, ndlr] à travailler seul également. Ici, il y avait donc le savoir-faire, la clientèle étrangère... » Il s’installe là-bas en 1997, commence comme free lance. «Etjeme suis vite rendu compte que les bijoux que je dessinais se vendaient bien, sous d’autres griffes que la mienne… » À cette époque-là, il fait aussi la connaissan­ce de celle qui depuis, l’accompagne aussi bien profession­nellement que personnell­ement : son épouse Ankhanang affiche elle aussi des talents de créatrice. « On a monté notre entreprise en 1999. On a travaillé dans la cuisine, par terre avec le bébé au milieu, ma belle-mère avec nous… On a démarré sans un rond, sans rien, avec des bouts de ficelle, du courage et beaucoup de débrouille. » Il commence à travailler avec des Japonais, l’atelier se monte… La marque dépasse les frontières du continent asiatique. Décroche une licence d’exclusivit­é avec Harley Davidson pour 10 ans. Un temps achevé donc. Mais pas un coup d’arrêt pour Thierry Martino et sa marque dont même la crise sanitaire n’a pas émoussé les ambitions. « Nous avons su nous adapter à la perte de la licence Harley Davidson en modifiant de nombreux modèles. Et je continue pour ma part à travailler dans le sens inverse du marché : je crée des pièces de plus en plus luxueuses… » Lui qui n’aime rien moins tant que l’univers biker joue aussi des codes du voyage, des rencontres initiatiqu­es comme de ceux de l’architectu­re gothique, de l’ésotérisme. « Je me balade un peu partout, je ne m’interdis rien. » Au point qu’avec le concours de sa femme, Thierry Martino a lancé la marque à la conquête du marché féminin : « les femmes sont en effet de plus en plus nombreuses à venir vers nous », relève Thierry qui salue par là même le travail de son épouse : « c’est elle qui designe toutes nos collection­s féminines. » Malgré la tempête sanitaire traversée ces derniers mois, Thierry Martino reste animé par la passion de ses débuts. Et défend un certain modèle, à l’ancienne, privilégia­nt le rapport avec la clientèle... Un certain modèle auquel il entend bien se tenir en poursuivan­t le développem­ent de son entreprise. « Mais je garde aussi à l’esprit la symbolique du bijou, ce qui en fait sa spirituali­té comme son authentici­té ». C’est tout ça, Soulfetish.

On a démarré sans un rond, avec des bouts de ficelle.”

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