Var-Matin (Grand Toulon)

La « fiancée de l’Amérique »

Dans les années trente et quarante du siècle dernier, la chanteuse Lily Pons eut, aux Etats-Unis, une célébrité digne d’une star d’Hollywood.

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Au long de la « Promenade des gens célèbres », à Hollywood, (le Walk of Fame), on peut voir sur le trottoir les étoiles portant les noms des stars. Vingt Français y figurent. Parmi eux, se trouve une artiste de notre région, fille d’une couturière de Draguignan. Dans les années trente et quarante, sa gloire fut incroyable. Elle fit deux fois la une du magazine Time (le 17 octobre 1932 et le 30 décembre 1940). Le président Franklin Roosevelt déclara à son sujet : « La Fayette et elle : voilà nos deux raisons d’être amis de la France ! » Les États-Unis étaient amoureux d’elle. Elle fut surnommée la « fiancée de l’Amérique ». Les publicités raffolaien­t de son image, les milliardai­res la comblaient de cadeaux, les hommes célèbres la fréquentai­ent, les spectateur­s se pressaient par dizaines de milliers pour la voir et l’entendre dans les stades. Qui était-elle ? La chanteuse Lily Pons. On l’a oubliée depuis. Elle a été l’une des natives de notre région les plus connues au monde. Au début, son prénom était Alice. Oh, ce n’était pas Alice au pays des merveilles, lorsqu’elle naquit le 12 avril 1898, au 11 de la GrandeRue à Draguignan ! Son père était imprimeur, sa mère, Marie, couturière. Le boucher et le tailleur signèrent comme témoins sur le registre d’état civil de sa naissance. Elle passa ses modestes premières années dans ce quartier du vieux Draguignan où, à deux pas de sa maison natale, se dresse la « porte du dragon ». L’effigie du monstre y fait peur aux petits enfants.

L’école à Cannes

En 1904, lorsqu’elle a 6 ans, la famille s’installe à Cannes. La ville vit dans l’insoucianc­e de la Belle Époque. Au long de la Croisette, les dames promènent leurs robes longues sous leurs ombrelles. Alice, les cheveux bouclés, court sur le bord de mer avec ses deux soeurs cadettes Juliette et Christiane. Parfois, elle gambade vers le Casino municipal et contourne l’impression­nant bâtiment aux deux tours en forme de clocheton. Ce bâtiment qui se trouvait à l’emplacemen­t de l’actuel Palais des Festivals. S’imagine-t-elle, alors, la petite Alice, qu’un jour elle y sera accueillie en vedette ? Pour le moment, elle est une élève sage de l’école de la Ferrage. Dans les palaces de Cannes, les dames riches ont parfois besoin de couturière­s pour reprendre leurs robes. On fait alors appel à la maman d’Alice. « - Vous avez une fille, lui demandet-on ? - Oui. - Que fera-t-elle plus tard ? - Qui sait ? Elle semble douée pour la musique… - Il faut qu’elle monte à Paris. » Et voilà que la famille décide d’aller à la capitale. Paris ! Il n’y a pas mieux lorsqu’on rêve d’une carrière artistique ! Marie ouvre un atelier de couture. Alice étudie le piano. Elle est douée. À 15 ans, elle obtient un premier prix au conservato­ire. Arrive la guerre. C’en est fini des rêves d’artiste. On vit pendant quatre ans de drames et de privations. Puis, la Libération venue, la vie reprend son cours. Alice, qui a un corps de rêve, danse nue chez Mayol. Un avocat hollandais, August Mesritz, la demande en mariage. Découvrant la beauté et la singularit­é de sa voix, il lui fait prendre des cours de chant. Elle progresse à grands pas.

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