La pédiatrie au-delà de l’épidémie de la Covid- Actu
Si le coronavirus ne constitue pas une menace pour les enfants, les autres épidémies saisonnières, bronchiolite, grippe, sont une préoccupation bien réelle
Alors que le coronavirus continue sa course, les pédiatres entendent bien rappeler qu’il s’agit d’une pathologie sans gravité chez l’enfant, la plupart d’entre eux ne manifestent aucun symptôme. D’autres pathologies, fréquentes en cette saison, comme l’asthme, ou la bronchiolite (dont la progression est attendue dans les prochaines semaines), les préoccupent davantage. Ils ne cachent pas non plus leur inquiétude face à une augmentation sensible des décompensations psychiques chez des adolescents vulnérables, dans le contexte très anxiogène actuel. Tour d’horizon de la pédiatrie avec les Drs Ali Khalfi, chef du service de pédiatrie-néonatalogie du centre hospitalier d’Antibes et Michèle
(1) Berlioz--Baudoin, pédiatre spécialiste en pneumo-allergologie.
Les affections hivernales
Les cas de bronchiolites liés au VRS (virus respiratoire syncytial) sont encore rares, mais leur nombre devrait croître au cours des prochaines semaines. « Habituellement, c’est en novembre, au moment de la reprise scolaire, que l’épidémie saisonnière débute dans notre région », informe le Dr Khalfi. Le pédiatre rappelle que cette infection respiratoire, dont les premiers signes sont une petite fièvre, un écoulement nasal, une toux – avant que des difficultés respiratoires ne surgissent — est potentiellement grave chez les nourrissons de moins de six semaines, et impose une prise en charge rapide. Autre grande épidémie saisonnière qui se manifeste par des symptômes proches, la grippe, bénéficie, elle, d’un vaccin. Mais, « il est seulement recommandé chez les enfants à risques : les prématurés, ceux souffrant d’asthme, de problèmes cardiaques ou pulmonaires », complète le Dr Khalfi. Le pédiatre espère que les mesures barrières mises en place contre la propagation du coronavirus auront également des effets positifs sur les autres épidémies.
Allergies respiratoires, asthme en hausse
L’asthme allergique (lié aux pollens, acariens, moisissures, poils d’animaux, etc.) augmente classiquement en fréquence aux mois de septembre et octobre. « On passe plus de temps à l’intérieur des logements et surtout c’est la période où les acariens se reproduisent. D’où une recrudescence de crises d’asthme », indique le Dr Berlioz-Baudoin.
Progression des décompensations psychiques
À noter selon la spécialiste, une progression sensible au cours des dernières années des allergies respiratoires en lien avec la pollution atmosphérique. Preuve supplémentaire, s’il en fallait, des effets dramatiques de la pollution sur la santé des plus jeunes « on a vu s’effondrer les consultations pour des crises d’asthme, pendant la période de confinement ; ça a été impressionnant ! », relève le Dr Berlioz-Baudoin. Si, logiquement, les situations d’urgence pédiatrique ont été beaucoup moins fréquentes pendant la première phase épidémique, et en particulier pendant la période de confinement, le Dr Khalfi s’inquiète d’accueillir depuis la rentrée scolaire un nombre croissant de jeunes en situation de décompensation psychique. « Sur les seize lits de pédiatrie dont nous disposons, neuf étaient encore récemment occupés par des adolescents hospitalisés pour des motifs pédopsychiatriques. Ils souffrent de dépression, de troubles anxieux, d’état de stress post traumatique, certains ont fait des tentatives de suicide ou s’automutilent. Beaucoup étaient déjà suivis et ont vu leur état aggravé par le contexte, d’autres ne présentaient jusque-là, aucun signe de pathologie. » Un effet collatéral de la crise sanitaire selon le chef de la pédiatrie antiboise, qu’il redoute de voir s’amplifier avec « la prolongation de cette situation inédite, particulièrement
difficile pour les plus fragiles psychiquement et socialement. » 1. Le service de pédiatrie regroupe plusieurs spécialités : pneumo allergologie, gastroentérologie, cardiologie, dermato-pédiatrie, maladies infectieuses (et vaccination), endocrinologie, neuropédiatrie, pédopsychiatrie, consultations d’allaitement, de rééducation, d’injections de toxine botulique (enfants en situation de handicap) et prise en charge des troubles de l’apprentissage.