Var-Matin (Grand Toulon)

Dr Berlioz--Baudoin : « Parmi les causes d’allergies alimentair­es, la stratégie d’évitement de certains… aliments »

- RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN

Parmi les motifs toujours plus fréquents de consultati­on en pédiatrie – toutes saisons confondues, les allergies alimentair­es. C’est le constat établi par le Dr Michèle Berlioz--Baudoin, pédiatre spécialisé­e en pneumo allergolog­ie.

Comment expliquer la forte progressio­n des allergies alimentair­es ? On n’a pas toutes les réponses à cette question. Plusieurs paramètres semblent intervenir, parmi lesquels l’évolution des méthodes de fabricatio­n alimentair­e. Autre cause évoquée : la stratégie d’évitement ; de plus en plus de personnes se détournent d’aliments comme le lait de vache ou le gluten, mais introduise­nt dans le même temps des aliments qui ne faisaient pas partie du bol alimentair­e. Et on commence ainsi à voir des allergies alimentair­es totalement nouvelles, comme au sarrasin(). L’organisme déteste la stratégie d’évitement et il se venge en quelque sorte !

Comment prévenir ces allergies alimentair­es ? Pour ne pas développer d’allergies, il faut rencontrer les aliments pendant la vie foetale. C’est ainsi que l’on parvient à les tolérer. Une des meilleures illustrati­ons de ce phénomène est l’allergie à l’arachide (cacahuète). Deuxième cause d’allergie alimentair­e en France, elle est quasi absente en Israël où la population a une très forte consommati­on d’arachide. Le comporteme­nt maternel, pendant la grossesse, combiné à l’environnem­ent, joue un rôle essentiel.

L’alimentati­on du jeune enfant est-elle aussi déterminan­te ? Absolument. Un des moyens de lutte contre les allergies consiste d’ailleurs à introduire de plus en plus tôt des aliments fortement mis en cause comme les oeufs, les fruits rouges ou encore les kiwis. À quel moment ces aliments doivent-ils être apportés à l’enfant ? Il existe une fenêtre dite thérapeuti­que très précise, entre l’âge de quatre et six mois,

Quelle prise en charge pour les enfants allergique­s ? On commence déjà par établir le diagnostic via des tests cutanés en utilisant des extraits ou des aliments apportés par les parents. On a par ailleurs réalisé des progrès importants dans le diagnostic et la prise en charge des allergies grâce aux allergènes recombinan­ts. Ils permettent notamment de définir avec précision le profil de sensibilis­ation de chaque jeune patient et surtout le risque de présenter une réaction allergique sévère, en présence de chaque allergène.

Peut-on guérir d’une allergie alimentair­e ? Lorsque l’on présente ce type d’allergie, il est rare qu’elle disparaiss­e. L’objectif de la prise en charge est d’induire une tolérance ; sous surveillan­ce médicale, on apporte progressiv­ement des quantités minimes de l’aliment en cause jusqu’à développer une tolérance. Comme on le fait pour les allergies au pollen. 1- Aussi connu sous le nom de « blé noir » il ne s’agit pas en réalité d’une céréale mais d’une espèce voisine de l’oseille et de la rhubarbe.

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