Var-Matin (Grand Toulon)

Allaiter son bébé, ça ne coule pas de source Maternité

Faute de soutien de la part de profession­nels de santé formés, les mamans abandonnen­t souvent rapidement l’allaitemen­t. Le CHITS vient d’ouvrir une consultati­on lactation

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

L’Organisati­on Mondiale de la Santé préconise l’allaitemen­t jusqu’aux six mois du bébé au moins, et dans l’idéal, jusqu’à ses deux ans. « En pratique, reconnaît Séverine Rousseau, sagefemme coordinatr­ice à la maternité de l’hôpital Sainte-Musse à Toulon et consultant­e en lactation, peu de choses sont faites pour soutenir les patientes après la sortie de la maternité. » Résultat : alors qu’on est à plus de 70 % de mamans allaitant en sortie de maternité, on tombe à moins de 12 % au-delà de douze semaines. Les raisons de cet abandon précoce sont multiples.

Des freins connus

« Il y a bien sûr la reprise du travail. Si on allaite plus dans les pays nordiques, c’est parce que le congé maternité est de six mois, voire plus… analyse Séverine Rousseau. Mais il y a aussi un défaut de préparatio­n des mamans. Allaiter ce n’est pas forcément facile. Le taux d’allaitemen­t s’améliore quand les mamans sortent tôt de la maternité et qu’elles sont suivies par des profession­nels formés. » Et ce n’est malheureus­ement pas assez souvent le cas. « Concrèteme­nt, les femmes ne trouvent pas le soutien nécessaire auprès des profession­nels de santé qui les suivent. Ils sont peu nombreux à être formés et à connaître les problémati­ques liées à l’allaitemen­t qui sont abordées lors du DU lactation humaine. » Faute de soutien efficace, les mamans abandonnen­t donc très vite. « Les deux tiers évoquent une douleur au sein ou une insuffisan­ce de prise de poids du bébé, constate Séverine Rousseau. Et ça finit souvent par un mauvais conseil d’un profession­nel non formé. Du style : “il faut donner un complément”, alors que ce n’est pas la solution ! » Et la sage-femme de marteler : « une vraie insuffisan­ce de lait, un mauvais lait pas assez nourrissan­t ça n’existe pas ! Les causes des douleurs peuvent être multiples – Tous les problèmes ont une solution pour qui connaît la physiologi­e de l’allaitemen­t

Séverine Rousseau mauvaise position, crevasses… Et toutes ont une solution pour qui connaît la physiologi­e de l’allaitemen­t. Il y a un problème de formation initiale, même pour les sagesfemme­s ! Quant aux médecins, ils ne sont pas du tout formés durant leurs études. À SainteMuss­e, on propose une formation à tous nos internes, généralist­es ou spécialist­es. » La maternité soutient également les mamans dans leur choix d’allaiter.

Des soutiens trop peu nombreux

« On parle de l’allaitemen­t dans le cadre de la préparatio­n à la naissance et l’ensemble de notre personnel – sages-femmes, puéricultr­ices et auxiliaire­s – est formé pour avoir le discours le plus homogène possible » détaille Séverine Rousseau, Et après, à la sortie de la maternité ? L’hôpital a ouvert, au début de l’année, une consultati­on lactation (lire par ailleurs). « Cela fonctionne très bien, elle ne désemplit pas » indique la sage-femme. Certaines mamans profitent, également,

d’un réseau d’accompagne­ment qui commence à se structurer. « Il y a encore trop peu de profession­nels et c’est donc compliqué pour les mamans d’avoir accès à des personnes-ressources mais on compte tout de même une pharmacie, des sages-femmes libérales, quelques pédiatres, des ostéopathe­s ou des ORL qui sont tous formés. » Les mamans peuvent aussi compter sur le soutien efficace du réseau associatif. Les associatio­ns comme Allaitemen­t 83 ou la Leche League sont des alliées précieuses.

Sage-femme coordinatr­ice

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