Bars, restos : le casse-tête des nouvelles mesures
Dès samedi, la mise en place de nouvelles restrictions dans le cadre de la crise sanitaire a fait grincer des dents et face aux interdits, chacun s’organise. Le récit d’un week-end particulier
Le deuxième « effet Kiss Cool » est tombé jeudi avec l’annonce faite par le Premier ministre de l’étendue du couvre-feu au Var dès vendredi minuit. Avec son lot d’interdictions comme celui de sortir entre 21 h et 6 h du mat’. Le « C’est beau une ville la nuit » – comme l’écrivait Richard Borhinger – c’est fini. Terminées pour six semaines les virées nocturnes pour cause de Covid ; sauf dérogations spéciales. Fermées aussi les portes de certains établissements dont les bars. N’imaginez pas vous accouder au zinc, à tailler la bavette façon Jean Gabin dans un troquet ou à taper le carton au bistrot. Rideau, ils ont dit !
Bars, restos : un vrai Schmilblick
Ce samedi matin, en marge du marché, on les voyait donc, les accrocs de la caféine ou du petit jaune perdus, exfiltrés de leurs petites habitudes. Près de la place des boules, le Noailles a baissé pavillon avec un écriteau collé sur le rideau en fer : « Le bar PMU sera fermé toute la journée pendant la période du couvre-feu (...) À bientôt et surtout prenez soin de vous ». Sur le haut de l’avenue Gambetta, même galère pour le Guillaume Tell. Le QG de L’Île de beauté joue quant à lui la prudence et attend des consignes claires pour rouvrir (peut-être dès ce lundi). Parce qu’effectivement pour certains patrons, le couvre-feu est un nouveau « Schmilblick » à résoudre. Il suffit de se balader dans le centre-ville pour constater que des clients sont attablés en terrasse, profitant du soleil, version café, mousse ou spritz. « Mais on n’est pas dans un bar, on est dans une brasserie », s’amuse ce trio privé de son bar fétiche qui a trouvé refuge autour d’une coupelle de chips. Là encore, le maître des lieux est perplexe : « J’ouvre d’habitude tôt pour des petits-déj’, ensuite je propose un service restauration midi [et soir] et l’après-midi je fais salon de thé. Dois-je fermer en dehors des repas ? C’est nébuleux… ». En attendant une réponse précise de la préfecture, il poursuit son activité presque normalement. Du côté des services de l’État, brandir haut la coupelle de tapas, de cacahuètes ou d’olives n’est pas un totem d’immunité et pourrait coûter, selon les cas, avec une fermeture administrative à la clef.
Deux salles, deux ambiances
Rien ne va plus… Au casino des palmiers, les jeux sont faits. Si l’équipe de l’établissement de jeux pensait jeudi soir pouvoir ouvrir entre 10 et 21 heures, le décret a annihilé tout espoir d’activité pendant six semaines. Les mesures prises pour faire respecter la distanciation sociale et la réduction du public à 300 personnes après le confinement n’ont pas joué en faveur de la profession. «C e n’est que partie remise, à très vite ! » annonce un panonceau affiché à l’entrée. Autre salle, autre ambiance et même interdiction : les clubs de sports. Mises aux banc des établissements dont l’ouverture est autorisée. Plus possible d’aller soulever de la fonte, de ramer, de pédaler, de squatter à l’intérieur d’une salle
(1) de sport jusqu’à début décembre minimum. Y compris pour l’aquabike. Il suffit de se rendre dans la zone Saint-Martin devant So Good et Aquavelo pour constater la fermeture des deux espaces sportifs avec, entre les deux, le Royal Kids (parc de jeux couvert pour enfants) qui est quant à lui ouvert et autorisé à l’être. « Franchement, c’est à n’y rien comprendre… Où est la cohérence ?, constate (très) perplexe Thierry, un adhérent face à cette situation ubuesque. Au cinéma Olbia, point de film tardif. La dernière séance est autour de 18 heures pour respecter le couvre-feu.
« Ce soir, c’est resto tôt ! »
5, 4, 3, 2, 1, 0… Ce samedi 24 octobre ce n’est pas le décompte du réveillon dans les restaurants de la ville. Pas question d’atteindre minuit. La permission s’arrête bien avant. À 21 heures. Sinon c’est illico presto une amende à 135 euros pour les contrevenants. Dans les cuisines, on s’active pour que le service puisse démarrer à 19 heures. Au Jardin, JeanLuc a quasiment rempli les tables avant 20 heures. « Il faut être efficace. Rapide. On n’a l’habitude de servir sur une grande plage horaire toute l’année. On est rodé ». Il ne faudra plus traîner à table. Sur le port SaintPierre,
ce serveur explique recevoir les clients « jusqu’à 20 heures. Il faut qu’ils puissent se restaurer sans que ce soit la course ». Premier soir et premier bilan : les Hyérois et les vacanciers n’ont pas boudé, ils se sont adaptés. Sébastien au Mango Bay relève d’ailleurs la « compréhension des clients. Ils savent que pour nous la situation est délicate ». Pas besoin de tirer la corne de brume pour que les lieux soient évacués avant l’heure fatidique. A 21 heures pile, la ville était vide. Désertée. Silencieuse. Ce dimanche matin. Jour 2. Le café du matin s’accompagne obligatoirement de son croissant ou de son pain au chocolat. Les viennoiseries s’imposent comme le désormais pass VIP de ceux qui veulent déguster leur kawa en terrasse. « Ce sera trois bières et trois croissants », entend-on à une table avec vue sur la mer. Bon, on n’est pas encore au temps de la prohibition et des arrière-salles sombres pour consommer incognito son Old-Fashioned.
Mal de mer…
La mer, espace de liberté, de grandes distances… « Eh bien non ! », vous répondra Damien Arnoux. Le couvrefeu vient de frapper là où on ne l’attendait pas. Le président du HWO - qui compte plusieurs champions internationaux de funboard - ne décolère pas. Le site de l’Almanarre devait accueillir 140 compétiteurs sur l’eau. « On a appris que c’était annulé dans la rubrique Foire aux questions de la newsletter du préfet ! Les manifestations nautiques sont interdites s’il y a plus de 6 personnes ! Mais les matchs de foot avec 1 000 spectateurs sont autorisés ! ». À y perdre le Nord parfois. 1. Action de faire des mouvements d’accroupi. squats, des