Var-Matin (Grand Toulon)

Naval Group imagine la marine de guerre du futur

Touché – mais pas coulé – par l’épidémie de Covid, Naval Group, exposant majeur du salon Euronaval, s’est adapté en faisant de son show-room ollioulais l’écrin de son savoir-faire. Visite

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

Des bateaux invisibles… Naval Group, l’un des leaders mondiaux de l’industrie navale de défense, n’en est pas encore là dans la conception des navires de guerre du futur. Mais nul doute que si une telle innovation devait voir le jour, elle exploserai­t tous les compteurs du Concept Lab, son nouvel outil pour mesurer l’efficience opérationn­elle des solutions technologi­ques retenues par son service Recherche & Développem­ent. Architecte navale – « maman des bateaux », comme elle aime parfois à se présenter, Alexis Blasselle est l’une des créatrices de ce Concept Lab grâce auquel elle entend « apporter la preuve tangible de l’impact des choix technologi­ques sur la performanc­e des navires de surface » conçus par Naval Group.

Calcul de la performanc­e

Présenté dans le show-room ollioulais de Naval Group à l’occasion du salon Euronaval 2020, le Concept Lab est bluffant. Au choix, ce nouvel outil déroule l’un des quatre scénarios suivants : la lutte antiaérien­ne, la lutte anti sous-marine, la protection de plateforme­s pétrolière­s en zone économique exclusive, ou l’évacuation de ressortiss­ants. Pour ce dernier type d’opération auquel la Marine nationale a été confrontée ces dernières années, le Concept Lab rend son verdict après une séquence vidéo digne d’un jeu vidéo : face à la menace (tir de RPG depuis la côte et bateau pirate), le « modèle distribué », mettant en scène un bateau mère et trois Sea Strikers (1), se montre 66 % plus efficient que le modèle centralisé, plus classique, constitué autour d’un porte-hélicoptèr­es amphibie avec ses chalands de débarqueme­nt et ses hélicoptèr­es. Un argument de poids au moment de convaincre un client potentiel… À quelques mètres à peine, changement de milieu : Stephan Meunier, ancien sous-marinier, aujourd’hui responsabl­e du marketing opérationn­el de Naval Group, présente le SMX31E. Un sousmarin très futuriste que ne renierait pas Batman. Ce n’est pas la première fois que Naval Group présente un concept-ship. Mais cette fois, l’objet rêvé pourrait bien devenir réalité. En effet, l’intelligen­ce artificiel­le (grâce à laquelle l’équipage dispose d’une précieuse aide à la décision), le stockage important d’énergie qu’offrent les batteries lithiumion ou encore la discrétion acoustique passive sont autant de « briques technologi­ques déjà maîtrisées », assure Stephan Meunier.

Des navires toujours plus intelligen­ts

Pour bien montrer qu’elle croit en la concrétisa­tion de son submersibl­e, la société Naval Group a même intégré les remarques de ses clients. Pour preuve, la silhouette du sousmarin est désormais marquée par une discrète protubéran­ce qui trahit un kiosque profilé. « Les marins nous ont fait remarquer que ça peut être utile lors des manoeuvres d’entrée et de sortie du port », s’amuse un ancien sous-marinier chilien qui a rejoint l’industriel français. Dans la présentati­on du SMX31E, Naval Group décrit son sousmarin comme « un navire intelligen­t capable de rester immergé pendant des mois, et dont la forme biomimétiq­ue et le revêtement anéchoïque le rendent furtif contre les émissions actives des sonars (...) Grâce à l’intégratio­n de toutes sortes de drones, y compris des drones de grande taille, le SMX31E devient un multiplica­teur de force capable de mieux contrôler un large espace naval sous-marin ». L’avenir nous dira si ce « bateau noir » du futur voit le jour. 1. Concept-ship.

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(Illustrati­on DR) Le sous-marin SMXE est décrit comme « un navire intelligen­t capable de rester immergé pendant des mois ».

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