Le colis de cannabis arrivait de San Francisco
La justice a relaxé un Toulonnais qui avait envoyé un paquet d’herbe cultivée et détenue légalement en Californie. Il a écopé d’une amende pour un délit annexe
Il flotte une étrange odeur, ce jour-là, dans l’entrepôt d’une entreprise de livraison à La Farlède. C’est un colis en provenance de Californie (États-Unis) qui attire l’attention des employés. Les douaniers sont appelés, le paquet est ouvert et, au milieu de quelques bibelots et d’une couverture polaire, plus de 800 grammes de cannabis sont mis au jour.
Le paquet au nom d’une vieille dame
Les enquêteurs se rendent alors à l’adresse de livraison, dans le quartier du Pont-du-Las à Toulon. Le colis a été envoyé à l’attention d’une personne âgée, atteinte de la maladie d’Alzheimer, dont le logement est en fait occupé par une petitenièce, âgée d’une vingtaine d’années. « J’étais dans une période pas terrible de ma vie, dit-elle aujourd’hui, j’allais souvent en soirée… ». Celle-ci reconnaît être la véritable destinataire du colis. Les policiers trouvent dans sa chambre quelques dizaines de grammes de cannabis, et même un peu de kétamine, un anesthésique. Quelque 1 700 euros, en petites coupures, sont également saisis. C’est un ami qui a envoyé le fameux colis. « J’étais à San Francisco, j’ai cultivé et récolté ce cannabis. Làbas, c’est légal. Avant de partir, il me restait une quantité que je voulais m’envoyer », explique-t-il. Les deux amis devaient partager la drogue pour leur consommation personnelle… Ils se retrouvent deux ans plus tard à la barre du tribunal correctionnel de Toulon, poursuivis pour « acquisition » et « détention » de stupéfiants. Le parquet réclame des peines de prison avec sursis.
« Ce n’est pas la French connection »
« Il a acquis et détenu [ce cannabis] sous le régime d’une disposition légale étrangère, soulève Me Morgan Daudé-Maginot aux intérêts du jeune homme. En envoyant ce paquet, est-ce qu’il s’en est dépossédé ? Il y a une véritable question juridique. » Quant à la jeune femme, « elle n’a jamais détenu ce paquet grâce à l’intervention de la douane. Nous ne sommes pas dans le cadre de la French connection, il faut remettre les choses dans leur contexte. » Résultats des courses, la jeune femme est reconnue coupable « d’usage et de détention », elle écope de quatre mois de prison avec sursis. Les 1 700 euros saisis dans son sac à main lui seront restitués. Son ami est condamné pour simple « usage », à 900 euros d’amende, parce qu’il avait reconnu en garde à vue s’être approvisionné dans la cité Berthe… Il est relaxé pour le volet américain de cette histoire.