« Quand nous sommes partis de Rians, c’était la fête »
« Je viens avec une classe ici presque tous les ans, explique Guillaume Nizou, instituteur à Rians. J’aime l’astronomie, comment la transmettre, c’est une science de l’observation. Ici, on peut le faire dans d’excellentes conditions. »
Ici, c’est Saint-Michel-l’Observatoire, un village entre Manosque et Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, où le Département a construit un centre d’accueil et d’hébergement dédié à cette discipline scientifique et équipé d’un matériel impressionnant.
Ce séjour (qui a eu lieu du 13 au 16 octobre, Ndlr) a été reporté quatre fois. « On l’avait programmé avec ma classe de CM1 en janvier. Pour une question administrative, on l’a déplacé en mars, puis le confinement est arrivé. On l’a renvoyé en juin, puis en septembre. Je suis passé d’un CM1 à un CM2 pour aller jusqu’au bout avec les mêmes élèves. Quand nous sommes partis de Rians, c’était la fête », raconte l’enseignant.
Toute la classe est là
Aucun écolier ne manque à l’appel. « Toute la classe est là. Les parents ont suivi sans problème, souligne
Guillaume Nizou. Ici, on est en sécurité, c’est fermé, et on est au grand air. Regardez autour de vous. » Le décor, un vaste plateau en pleine nature, est sublime. Il constate que nombre d’enseignants, découragés par les formalités administratives et autres tracasseries, n’emmènent plus leurs classes, mais ne les juge pas, même si sa position est différente : « Je n’ai jamais renoncé aux classes découverte car le bénéfice est tellement supérieur à ce qui peut nous arriver ». Il se montre convaincant : « Vous savez, on emmène tout le monde dans son sillage en montrant le bien-fondé de ce qu’on fait ».
Lui s’y entend vraiment pour défendre la cause de l’astronomie : « On y travaille tout au long de l’année en classe.
Grâce à l’astronomie, on aborde les sciences, la mythologie grecque, les grands nombres, la géographie terrestre. Ce qui est fondamental, c’est la prise de conscience par chaque enfant d’être petit et fragile, d’être un grain de sable dans l’univers, d’où découle le besoin de protéger cette terre. L’écologie, on sent que ça intéresse les gamins. Et on espère toucher les parents avec ».
Tous les adultes portent un masque
Les ateliers sont nombreux. Pendant que le premier groupe écoute David, l’un des médiateurs scientifiques, avant d’observer le soleil avec une lunette spéciale, désinfectée entre chaque écolier, le second en apprend davantage sur la rotation du soleil : «Il y a 400 ans, Galilée a découvert que le soleil tourne sur lui-même », explique
Romuald, autre médiateur. En classe, des maquettes permettent de voir, d’un seul coup d’oeil, le système solaire et d’appréhender la taille des planètes. De multiples autres outils pédagogiques favorisent l’enseignement.
Tous les adultes du centre, animateurs, équipe de la restauration, de l’entretien et de la direction, portent un masque. Au réfectoire, le service à table a disparu. Seuls l’enseignant et les mamans accompagnatrices sont en contact direct avec les enfants. Ce sont eux qui servent les plats mis sur des chariots et qui débarrassent. L’équipe du centre n’intervient dans la salle que lorsque les écoliers sont partis. Nettoyage des mains à chaque étape, gel hydroalcoolique partout, les petits Riansais se prêtent de bonne grâce aux contraintes. Pour eux, c’est un détail insignifiant comparé aux connaissances qu’ils acquièrent et aux émotions qu’ils éprouvent. « Hier soir, ils voyaient Neptune en vrai, c’était incroyable pour eux. Ils ne voulaient plus aller se coucher », raconte Guillaume Nizou, des étoiles plein les yeux…
1. L’observatoire de Haute-Provence, où les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz, ont découvert la première exoplanète « 51 PEG » en 1995, est situé à deux kilomètres. Ils ont partagé le Prix Nobel de physique en 2019, avec James Peebles, le grand cosmologiste d’origine canadienne.