Var-Matin (Grand Toulon)

Disparitio­n de Jean-Paul Turc, l’amiral qui a débarqué deux fois en 

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C’est un héros de la Libération qui vient de s’éteindre à l’âge de 97 ans. L’amiral Turc appartenai­t à un cercle très fermé, celui de ceux qui ont participé en 1944 aux deux Débarqueme­nts, en Normandie, puis en Provence. Son parcours extraordin­aire, marqué par le courage et l’engagement, il n’hésitait pas à le partager avec les jeunes génération­s, tout en modestie, répétant souvent : « Je ne veux pas jouer les héros ». Toulonnais de naissance – son papa faisait partie de l’équipe du RC Toulon qui a inauguré la pelouse du stade Mayol en 1920 – il avait intégré l’École navale d’Alger à l’âge de 19 ans, en 1942. Tout est ensuite allé très vite.

« Omaha Beach, des cadavres partout »

« Roosevelt et Churchill ont décidé en 1943 à Casablanca, qui venait d’être libérée, de débarquer en Normandie, puis en Provence, racontait l’amiral Turc lors d’un entretien dans nos colonnes en 2016. Le premier devait être 100 % alliés et le second, uniquement français. » Deux bateaux français – le Georges Leygues et le Montcalm – accompagne­ront finalement les alliés en Normandie. Jean-Paul Turc était à bord, en tant qu’enseigne de vaisseau. L’un des pires souvenirs de sa vie. « Nous avions reçu les instructio­ns trois jours avant et avons hérité d’Omaha Beach, appelée par la suite la plage sanglante. J’ai débarqué le 7 juin, soit un jour après les alliés. Il y avait des cadavres partout sur la plage et je n’avais que 20 ans. » Au large, il était chargé de bombarder les falaises. Mais il voyait les alliés tomber, laissés seuls au front, les chars ayant coulé en cours de route. « J’ai tout de même pu aller hisser le premier drapeau français sur l’église de Port-en-Bessin. » Une très maigre consolatio­n face au massacre. Deux mois plus tard, il prend part au Débarqueme­nt de Provence. Il participe à la libération de Toulon. Un symbole pour lui mais également une dure épreuve. « C’était forcément une grande joie mais aussi la fin d’une triste histoire. Tout était démoli. Et ça a été dur. Quand nous sommes arrivés en bateau, les Allemands nous encerclaie­nt. » Il poursuit sa carrière militaire sur d’autres théâtres d’opérations. En 1949, comme pilote de chasse à la tête de la Flottille 8 S, il participe à la guerre d’Indochine et s’illustre à Dien Bien Phu, avant de servir en Algérie, en tant que commandant de la Flottille 28 F, importante formation de bombardier­s, dont l’un a été abattu dans les Aurès. Garant du devoir de mémoire, l’amiral Turc s’est largement investi durant des années, au sein du Mémorial du Débarqueme­nt, situé sur le Mont Faron à Toulon. Il était commandeur de la Légion d’honneur.

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(Photo doc P. Blanchard)

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