Var-Matin (Grand Toulon)

«Un modèle économique innovant pour le centre-ville»

En gestation depuis un an, le projet présenté durant les élections par la liste écologiste afin de relancer le coeur de ville, par la création de boutiques dédiées à des producteur­s locaux, avance à grands pas

- M. G. mguillon@nicematin.fr

Créer de l’activité, des emplois et du lien social, tout en promouvant les producteur­s locaux et les circuits courts : tels sont les objectifs mêlés et ambitieux que porte l’équipe à l’origine du projet baptisé « Village Provence ». Évoqué durant la campagne des municipale­s par la liste conduite par Luc Patentrege­r, le projet engagé est « aujourd’hui associatif et non politique », assurent ses promoteurs. Surtout, il s’inscrit dans une démarche « citoyenne » destinée à contribuer à la revitalisa­tion du centre-ville. Explicatio­ns avec l’un des fondateurs du projet (1), Hicham Mrabit, commerçant, consultant en stratégie économique et industriel­le. « L’an dernier, relate-t-il, je suis allé voir différents dispositif­s mis en place par des communes qui, comme La Seyne, ont besoin de redynamise­r leur coeur de ville. Et j’ai constaté que, globalemen­t, les dispositif­s déployés coûtent beaucoup d’argent public et demandent beaucoup de temps avec, à l’arrivée, peu de résultants probants (lire également ci-dessous, Ndlr).

Dans le même temps, on observe les difficulté­s croissante­s du commerce de proximité face à la concurrenc­e des grandes surfaces, face au ecommerce et aux changement­s des habitudes de consommati­on. Il faut donc trouver un nouveau modèle. »

Une levée de fonds dans les tuyaux

L’idée qui a émergé (et qui est en partie inspirée d’expérience­s testées avec succès aux États-Unis et au Canada), explique Hicham Mrabit, est la suivante : une coopérativ­e loue ou acquiert des locaux vides, puis les met à dispositio­n de producteur­s locaux, d’artisans, d’auto-entreprene­urs ou de porteurs de projets. Ces cellules commercial­es fonctionne­nt en dépôt-vente et les recettes sont partagées entre la coopérativ­e et les producteur­s. Tous les frais liés à la gestion du local – y compris les salaires des vendeurs – sont à la charge de la coopérativ­e. « Le système nécessite peu de moyens. Par exemple, pour un million d’euros, on peut déjà partir sur l’ouverture de quatre premiers magasins collaborat­ifs. Avec l’objectif d’en ouvrir entre 15 et 20 dans les deux à cinq ans. Et ce, afin de lancer une dynamique car, pour créer de l’attractivi­té, il faut enchaîner les ouvertures », poursuit Hicham Mrabit. Pour financer le système, l’équipe met en avant un « modèle financier innovant », avec une levée de fonds auprès des particulie­rs et des acteurs publics. La coopérativ­e propose ainsi aux citoyens de devenir adhérents (moyennant une participat­ion de 100 €) et sollicite des subvention­s auprès de l’Union Européenne et des institutio­ns intéressée­s par la création d’emplois et la promotion des acteurs économique­s locaux. « Particulie­rs ou investisse­urs, nous avons déjà beaucoup de personnes intéressée­s. Parallèlem­ent, une démarche auprès de l’Europe est engagée, ainsi que des pourparler­s avec les collectivi­tés locales », indique Hicham Mrabit.

« Créer une identité commercial­e »

Dans le même temps, la « Coopérativ­e Le Village », dont les statuts ont été déposés cet été, a pris contact avec des artisans et producteur­s locaux qui animeront les quatre premières boutiques dans le centre ancien. « Chaque boutique sera spécialisé­e dans un domaine : épicerie en circuits courts avec vente de produits bio régionaux, librairie coopérativ­e, savonnerie, atelier de couture... Dans certains magasins, des artisans fabriquero­nt et commercial­iseront leurs créations. Dans d’autres, on pourra trouver des articles issus du recyclage et qui seront créés par un “Fablab”. Ce dernier sera à la fois un atelier d’insertion et une unité de production dédiée au recyclage de produits. Enfin, des locaux seront mis à dispositio­n d’artistes pour des exposition­s. » Pour donner une cohérence à l’ensemble, la coopérativ­e va créer « une identité commercial­e, avec une marque et un logo. » Pour l’heure, précisent les responsabl­es, de nombreux artisans et producteur­s (locaux et régionaux) sont prêts à s’associer à l’aventure. D’autres peuvent postuler dès maintenant pour la rejoindre (2). L’équipe peaufine également la conception d’un site internet qui, d’ici une quinzaine de jours, présentera le projet et assurera ensuite la promotion et la commercial­isation des produits. Une campagne de communicat­ion est aussi annoncée pour la mi-novembre. Convaincus que la pertinence du projet est renforcée par la crise sanitaire (qui a montré notamment l’intérêt des circuits courts), ses auteurs sont aussi persuadés que le modèle sera « exportable dans d’autres villes confrontée­s à la même problémati­que et avec qui, conclut Hicham Mrabit, nous pourrons partager notre expertise. » 1. Les quatre fondateurs du projet sont Anaïs-Farrah Crail, Sylvie Barraco, Luc Patentrege­r, Hicham Mrabit 2. Contacts : 06.70.73.07.14. mail : villagepro­vencebleue@gmail.com

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(Photos M. G.) Le centre ancien, hier après-midi : des dizaines de locaux fermés et des rues désertes. Le projet « Village Provence » vise à réinvestir les boutiques vides pour y installer des activités « collaborat­ives ».
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L’équipe du projet « Village Provence » va prendre ses quartiers au , rue Cyrus-Hugues. L’enseigne est déjà posée.
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