Théoule (06) : 8 mois avec sursis pour les squatteurs
« Ils auraient quand même pu faire un peu de prison avec tout le mal qu’ils ont causé. Enfin, l’essentiel est que nous ayons retrouvé notre bien… » Henri Kaloustian n’a pas souhaité se présenter hier à l’audience des squatteurs de sa maison. « Trop fatigué. Et puis, mon coeur fait des siennes. Je n’avais pas envie de me retrouver face à eux… » Mais il a accepté de réagir avec ces quelques mots à la décision du juge Christian Legay de les condamner à 8 mois d’emprisonnement avec sursis. Jihan Zidouli et Abdellah Zerhima devront également régler 5 000 € pour préjudice moral et 9 000 € pour préjudice matériel aux époux Kaloustian. Le couple est donc reconnu coupable d’avoir occupé illégalement, entre le 21 août et le 7 septembre 2020, la maison du 6 avenue Roc et Mimosa de Théoule-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes, appartenant à Henri Kaloustian, lyonnais, retraité de 76 ans et son épouse Marie-Thérèse.
Un appartement à Hyères
Devant le juge hier au tribunal correctionnel de Grasse, Abdellah Zerhima a réfuté la violation de domicile. Selon lui, quelqu’un, dans une station-service, lui a proposé de « lâcher un billet » en échange de quoi, il lui donnerait la clé d’une maison. « Vous entrez, vous interrompez le contrat d’électricité et vous en créez un à votre nom. Pourquoi ? », a demandé le juge « C’est nous qui utilisons l’électricité, c’est nous qui devons la payer… », répond le mari. « Ça me laisse pensif : vous prenez possession d’une maison illégalement, mais vous tenez à régler l’électricité… », a réagi le magistrat. S’en sont suivies plusieurs questions sur le déroulement de cette période de squat et la raison pour laquelle le couple a quitté la Seine-et-Marne (77). «Jesuis consommateur de cannabis, on m’a demandé d’en vendre, j’ai refusé. J’ai été menacé… », a indiqué Abdellah Zerhima. Aujourd’hui, le couple a un contrat de location dans un appartement à Hyères. Abdellah Zerhima travaille à Chronopost depuis une semaine. Jihan s’occupe des enfants. Pour Renaud Broc, avocat d’Henri Kaloustian, « cette famille n’est pas dans la détresse. Elle est suivie par une assistante sociale et bénéficie d’un logement social F4 en région parisienne. (...). »
« Une vraie violation de l’intimité »
Après avoir fourni un constat d’huissier montrant l’effraction de la porte et des fenêtres du logement, l’avocat a évoqué le traumatisme des époux Kaloustian .»Ce squat, c’est une vraie violation de l’intimité, une terrible violation, d’autant plus qu’à 74 et 76 ans, ils n’y étaient pas préparés. Et puis, il y a l’angoisse liée à l’incertitude de l’état dans lequel on va retrouver le logement. L’incertitude de pouvoir le récupérer tout simplement. » Des arguments également repris par la procureure, Delphine de Lorgeril : « J’entends trop peu de regrets de ce côté de la barre, à l’égard de Mme et M. Kaloustian », a-telle lancé à l’attention des squatteurs, avant d’évoquer les condamnations antérieures de chacun. Lui pour usage de stupéfiants. Elle pour des faits de rébellion. Les deux ayant effectué leurs peines. La procureure avait requis 8 mois avec sursis. Le tribunal l’a suivie. Une condamnation jugée « plutôt clémente » par leur avocate.